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Des boîtes d’essieu à rouleaux pour nos wagons

R. Decooman.

mercredi 5 septembre 2012, par rixke

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 La boîte à palier lisse.

Jusqu’à ces dernières années, nos wagons étaient tous équipés de boîtes d’essieu à pallier lisse, pour la plupart d’un modèle ancien.

Ce type de boîte, rappelons-le, est constitué des éléments principaux suivants :

  • Le corps de boîte en acier avec son couvercle ;
  • Le coussinet, composé d’une carcasse en bronze garnie de métal antifriction ;
  • L’organe de graissage, constitué soit par un tampon graisseur, soit par un bourrage au « perfect-packing » ;
  • L’huile de graissage, placée dans le fond de la boîte ou dans une cuvette, et dans laquelle trempe le tampon graisseur ; s’il s’agit d’un bourrage au « perfect-packing », l’huile est incorporée au cours d’une opération de trempage préalable.
Boite à palier lisse à tampons graisseur.

Dans ce type de boîte, le graissage de la fusée revêt une importance capitale, car la présence de deux surfaces frottantes (le coussinet et la fusée) ne tolère aucune défaillance de graissage : s’il n’y en a pas ou s’il est défectueux, la température de la fusée peut s’élever au point de faire fondre le métal anti-friction. Cette avarie, qu’on appelle le « chauffage de boîte », est très grave et peut provoquer de sérieux incidents.

Boîte à palier lisse au « perfect packing ».

 Les conséquences de la « reconversion » de la traction.

Tant que les trains de marchandises étaient remorqués par les locomotives à vapeur et circulaient à des vitesses relativement peu élevées sur des parcours jalonnés de nombreuses escales, la boîte d’essieu à palier lisse convenait parfaitement et le système de graissage était suffisant pour satisfaire aux conditions d’utilisation imposées, sans provoquer un nombre exagéré de « chauffages de boîte ».

Depuis que les locomotives à vapeur font place à des engins de traction plus puissants, locomotives électriques et diesel, les conditions d’exploitation ont notablement changé : la vitesse des trains de marchandises augmente et les parcours sans escales sont allongés. En relation avec ces améliorations du service, on a constaté une augmentation progressive et importante du nombre de « chauffages de boîte », les boîtes à palier lisse des modèles existants n’étant plus à même d’assurer, sans incidents, les services exigés par les nouvelles conditions d’exploitation.

L’Union internationale des Chemins de fer ayant décidé en outre qu’à partir du 1-1-1970, les véhicules à marchandises devraient pouvoir être incorporés dans des trains roulant à la vitesse de 80 km/h, il devenait urgent de prendre des mesures adéquates.

 La boîte à rouleaux.

C’est pourquoi la S.N.C.B. a décidé d’adopter un nouveau type de boîte : la boîte d’essieu à rouleaux.

Boite à rouleaux.

Celle-ci comporte :

  • Le corps de boîte en fonte spéciale avec son couvercle arrière et un bouchon de visite à l’avant ;
  • Les deux roulements à double rangée de rouleaux calés sur la fusée ;
  • Les accessoires tels que la collerette arrière et la rondelle de blocage des roulements.

Le corps de boîte, intérieurement cylindrique, s’adapte exactement sur les bagues extérieures des roulements.

Les roulements sont lubrifiés au moyen d’une graisse consistante, qui remplit tous les intervalles entre les rouleaux. De par sa conception, cette boîte ne présente aucun des inconvénients de la boîte à palier lisse et ne provoque pratiquement jamais de « chauffage de boîte ».

 Le programme en cours.

Le voici dans ses grandes lignes.

  • Pour le matériel nouveau : placement systématique de boîtes d’essieu à rouleaux lors de la construction des véhicules ; cette mesure, en cours de réalisation depuis 1958, concerne 3.193 wagons-tombereaux du type UI’C, 150 plats à bogies du type UIC, 1.465 plats à deux essieux du type UIC, des wagons spéciaux tels que les wagons pour le transport d’autos, les wagons « ferry-boat », les wagons à vidange pneumatique.
  • Pour le matériel existant :
    • Remplacement des boîtes à palier lisse par des boîtes à rouleaux sur les wagons qui seront maintenus en service après 1970 ;
    • Amélioration des boîtes d’essieu à palier lisse sur les autres véhicules.

Les travaux de remplacement, commencés le 1-7-62, portent sur 27.000 wagons de divers types ; ils doivent être réalisés dans un délai de sept ans. A l’heure actuelle, plus de 3.000 wagons ont été modernisés.

Les travaux de modification des essieux et de montage des boîtes à rouleaux ont été confiés à l’A.C. Luttre et les substitutions d’essieux aux wagons aux A.C. Cuesmes, Gentbrugge et Salzinnes.

Dans un prochain article, nous exposerons de quelle manière se font les travaux de transformation des essieux.


Source : Le Rail, novembre 1963