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La Vennbahn

L.R.G.

mercredi 13 février 2013, par rixke

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La « Vennbahn » ou ligne des Fagnes est l’appellation fréquemment donnée à la ligne 48 Raeren - Wévercé et par extension, à son antenne Wévercé - Bullange (ligne 45a).

 Aux origines

Cette liaison qu’on appelle aussi la « Monschaubahn » (ligne de Montjoie) constitue, avec la ligne 49 (Welkenraedt - Raeren), le seul maillon encore exploité d’un assez important ensemble de lignes construites dans cette région durant le 19e siècle et au début du 20e : Aix-la-Chapelle (Stolberg) à Saint-Vith avec prolongements sur Steinebruck (vers Prüm-RFA) et Lengeler (vers Troisvierges - Luxembourg). Cette ligne qui constituait véritablement la Vennbahn fut complétée par d’autres liaisons : Herbesthal à Raeren via Eupen, Wévercé à Losheimergraben (vers Junkerath-RFA), Waimes à Trois-Ponts, Born à Vielsalm et Saint-Vith à Gouvy.

Ces lignes furent établies pour une bonne part par des sociétés allemandes : à cette époque en effet, la région était prussienne en vertu des décisions du Congrès de Vienne de 1815. Outre la desserte des régions traversées et certaines visées militaires, l’objectif était de relier directement par une ligne entièrement allemande la région d’Aix-la-Chapelle - Cologne à Trêves, à la Moselle (qui était également en grande partie allemande à l’époque) et au Luxembourg.

A ce titre, la ligne connut un important trafic, tant en voyageurs qu’en marchandises (du coke pour une large part). Ceci justifia sa mise à double voie et l’installation d’équipements importants tel, par exemple, à Saint-Vith, un atelier de réparations de wagons ayant occupé 700 personnes.

 Situation particulière

A la fin de la première guerre mondiale, le traité de Versailles de 1919 décida le rattachement de divers territoires à la Belgique et les parties de lignes citées ci-dessus qui étaient établies sur ces territoires devinrent belges.

Toutefois, entre Raeren et Kalterherberg, la ligne 48 pénètre à plusieurs reprises en Allemagne. La SNCB, exploitante et propriétaire de l’assiette de la voie, des bâtiments et dépendances dessert ainsi actuellement les gares « belges » des localités allemandes de Roetgen, Lammersdorf et Kalterherberg. Cette particularité a donné naissance à une réglementation appropriée, pour les questions d’infrastructure (voisinage, signalisation des PN, etc.) comme pour les conditions d’exploitation et les tarifs à appliquer.

 Equipement

Comme Welkenraedt-Raeren, la liaison Raeren-Bullange (56,1 km) est actuellement à simple voie sur tout son parcours. Elle ne comporte pas de tunnels mais deux viaducs peuvent être remarqués : Reichenstein, entre Montjoie et Kalterherberg ; Butgenbach, avant d’arriver à la gare du même nom. La ligne est en rampe quasi continue (jusqu’à 17 ‰) de Raeren à Sourbrodt, pour franchir le seuil des hautes Fagnes (altitude maximum à Sourbrodt : 562 m).

Elle peut être parcourue à 40 km/h en exploitation normale (marchandises uniquement) et des croisements sont possibles à Roetgen, Lammersdorf, Kalterherberg, Sourbrodt et Wévercé.

Les PN les plus importants sont du type rail-route (déclenchement lors du franchissement d’une pédale) avec signalisation routière adaptée le cas échéant au code de la route allemand.

Quant à la signalisation, si elle est du type belge dans la plupart des gares, Raeren et Sourbrodt se distinguent cependant encore avec une signalisation allemande à palettes.

 Trafic

En exploitation normale, la ligne est parcourue quotidiennement par deux trains de marchandises partant de Montzen et y revenant. L’un dessert Raeren, Roetgen et Lammersdorf ; le second, Kalterherberg, Sourbrodt, Wévercé, Butgenbach et Bullange.

Le trafic à l’arrivée comporte surtout des engrais et des aliments pour bétail, des briquettes de lignite comme combustible de chauffage, des machines agricoles et du matériel militaire pour le camp d’Elsenborn, desservi par Sourbrodt.

Au départ on observe surtout des expéditions de bois destinées aux papeteries, du matériel militaire ainsi que des machines et fours industriels à Lammersdorf (fonderie Junker, comptant plus d’un millier de travailleurs).

La gare de Raeren expédie des laines et certains équipements industriels mais elle constitue surtout le point frontière Belgique - Allemagne (itinéraire Montzen - Welkenraedt - Eupen - Raeren - Stolberg) pour tous les transports exceptionnels au départ, à l’arrivée ou en transit.


Source : Le Rail, octobre 1984