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A toute vapeur dans la vallée du Viroin

Phil Dambly.

mercredi 3 juillet 2013, par rixke

Depuis Pâques, la vallée du Viroin, charmant coin de l’Entre-Sambre-et-Meuse, retentit à nouveau de coups de sifflet et se pare de vapeur blanche. En effet, un petit train touristique emprunte désormais une partie de la section Mariembourg - Vireux de la ligne 132, section sur laquelle tout trafic avait cessé depuis quelques années déjà.

Cette initiative est due à une association dont les membres envisagèrent, dès octobre 1973, la possibilité d’utiliser un tronçon de la ligne pour y faire circuler des locomotives à vapeur. Entre-temps, ils avaient veillé à ce que des locomotives du charbonnage de Monceau-Fontaine échappent au chalumeau. Des contacts furent pris avec la SNCB, laquelle considéra le projet avec bienveillance et céda la portion de ligne le 1er juillet 1975. L’état des voies et des ouvrages d’art, notamment un tunnel de 499 m, fut soigneusement vérifié avec l’aide de techniciens de la SNCB. Evidemment, il a fallu procéder à divers travaux d’aménagement, tels que le débroussaillage des voies, le remplacement de traverses défectueuses, etc. Aujourd’hui, la ligne a retrouvé son aspect de jadis.

Le tronçon remis en exploitation s’étend sur 12 km 600, de Nismes à Treignes, près de la frontière française, en passant par Olloy-sur-Viroin et Vierves. Le tunnel est situé entre Nismes et Olloy et quelques ponts enjambent le Viroin, rivière sinueuse issue du confluent de l’Eau Blanche et de l’Eau Noire, non loin de la gare de Nismes. C’est pour cela que le « Chemin de fer à vapeur de la vallée du Viroin » est également appelé « Chemin de fer des trois vallées ». Nous croyons intéressant de rappeler que la ligne 132 (Charleroi - Walcourt - Mariembourg - Vireux) a été construite par la Compagnie du chemin de fer d’Entre-Sambre-et-Meuse, concédée le 28 mars 1845. Elle fut ensuite exploitée par le Grand Central Belge, né en 1864 de la fusion des chemins de fer d’Entre-Sambre-et-Meuse, de l’Est Belge, etc., et lui-même intégré au réseau de l’Etat belge le 1er janvier 1897.

Les machines récupérées au charbonnage de Monceau-Fontaine sont des locomotives-tender industrielles de divers types :

  • la locomotive n° 91, à quatre essieux couplés, a été construite par les Usines Métallurgiques du Hainaut, à Couillet, en 1930, et achetée par MF en 1937. Entre-temps, elle était restée la propriété du constructeur ;
  • la locomotive n° 83, à trois essieux couplés, a été construite par La Meuse en 1916 et vendue la même année à la Société d’Ougrée-Marihaye. Par la suite, elle a été utilisée aux hauts fourneaux de la Chiers, en France et, après avoir perdu sa trace, on la retrouva, en 1940, chez Focquet, un ferrailleur de la région bruxelloise. C’est là qu’elle fut achetée par MF le 28 mai 1942 ;
  • la locomotive n° 82, à trois essieux couplés, a été construite par UMH, à Couillet, en 1913, et achetée par MF en 1914. La chaudière d’origine a explosé en 1923 ;
  • la locomotive n° 73, à trois essieux couplés, se prénommait Raymonde. Elle a été construite par UMH en 1922 et achetée par MF en 1923 ;
  • la locomotive n° 63, à deux essieux couplés, a été construite par Baldwin en 1917. C’est une des nombreuses locomotives de qare qui furent utilisées pendant la première guerre mondiale par la Railway Operating Division de l’armée britannique (ROD) et par l’US Army Railroads Administration, et dont trente exemplaires formèrent le type 50 à l’Etat belge, puis à la SNCB. Vendue au ferrailleur Focquet en 1929, elle a été achetée par MF en 1933 ;
  • les locomotives n° 32 et n° 33, à deux essieux couplés, ont été construites spécialement pour MF aux Forges, Usines et Fonderies de Haine-St-Pierre, respectivement en 1904 et en 1913.

Les locomotives MF 91, 83, 82 et 73 sont dotées d’une distribution Walschaerts ; les autres, d’une distribution Stephenson. Ces machines n’ont pas été numérotées au hasard, puisque le chiffre des dizaines indique l’effort de traction en tonnes, au crochet.

C’est le Commissariat général au tourisme qui achète le matériel roulant destiné à l’association et celle-ci peut s’enorgueillir d’un parc comprenant, outre les sept locomotives déjà citées, deux locotrateurs diesel-électriques Moyse provenant de la remise de Schaerbeek, trois voitures GCI en bois et à trois essieux, ex-SNCB, et deux voitures métalliques à deux essieux récupérées au charbonnage de Bois-du-Luc.

Le 27 décembre dernier, les machines 73, 82 et 91 ont quitté Marchienne dans la matinée pour gagner leur nouveau lieu d’hébergement et cet événement fit l’objet d’un reportage télévisé retransmis le même jour. Les bons vieux « coucous » roulèrent à 20 km/h, mais quelques incidents de parcours retardèrent d’une bonne heure leur arrivée à Walcourt. En fin d’après-midi, la 91 poursuivait sa route vers Mariembourg, tandis que les deux autres étaient garées dans l’ancienne remise de Walcourt.

Les petits trains du Viroin circulent depuis Pâques. Du 1er juin au 15 juillet, ils rouleront le samedi et le dimanche ; du 15 juillet au 15 août, les mardis, jeudis, samedis et dimanches, ainsi que le mercredi 21 juillet ; du 15 août au 30 septembre, le samedi et le dimanche. Des voyages en groupe et des voyages scolaires pourront avoir lieu toute l’année, mais sur demande et jamais le lundi, le mercredi ni le vendredi, sauf s’il s’agit de jours fériés. Pour renseignements et réservations, s’adresser à S.l. Accueil, place Verte, Couvin.

Les jours de circulation normale, les trains partiront de Nismes à 11 h, à 14 h et à 16 h ; de Treignes à 12 h, à 15 h et à 17 h. Quant aux tarifs, ils s’élèvent à 20 F par section et à 100 F aller et retour (50 % de réduction pour les enfants de 5 à 10 ans). Pour les voyages en groupe, avec un minimum de 50 personnes, l’aller et retour coûte 80 F (40 F en cas de voyage scolaire). Nous préciserons que la gare de Nismes est située en dehors du village, sur la route de Dourbes. Un parking y a été aménagé pour les voitures et les autocars.

Enfin, il va sans dire que nous formons tous nos vœux de succès aux dynamiques promoteurs du chemin de fer de la vallée du Viroin.


Source : Le Rail, juin 1976