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Carnegie Hero fund

mercredi 20 mai 2015, par rixke

La philanthropie et l’héroïsme ne sont assurément pas les sujets dont on parle le plus dans les média, et ceux qui posent de tels actes sont généralement avares de grandes déclarations.

C’est pourquoi, il est utile de rappeler de temps à autre que ces choses là existent et que certains organismes ont la charge de gérer ce secteur d’activités particulier.

Parmi ceux-ci, il en est un dont nous allons parler dans ces pages : il s’agit du « Carnegie Hero fund ».

 Andrew Carnegie

A. Carnegie est né en 1835 en Ecosse, dans une famille très pauvre. En 1848, elle émigré aux Etats-Unis et notre jeune homme (il a treize ans) débute comme apprenti tisserand (le métier de son père). Par après, il devient porteur de télégrammes.

Comme il n’a pas l’occasion de fréquenter l’école, il s’instruit lui-même par la lecture et dès 1853, entre en qualité d’employé de télégraphe... dans une compagnie de chemin de fer.

Il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie et quelques années plus tard, est nommé directeur de division. En récompense de sa collaboration fructueuse, il reçoit une partie des actions de sa société.

A 30 ans, il quitte le chemin de fer pour fonder sa société de construction de ponts de chemin de fer. Il en crée également deux autres, l’une de fabrication de rails en fer, l’autre de construction de locomotives.

C’est alors qu’il rencontre Henry Bessemer, génial inventeur de la fabrication d’acier à bas prix.

Il se reconvertit sitôt constructeur en acier. Son entreprise connaît un tel succès qu’il devient l’homme le plus riche des Etats-Unis : il a quarante ans !

Sa philosophie exclut cependant toute idée de thésaurisation : il déclare d’ailleurs dans un pamphlet qu’il est honteux pour un homme riche de mourir riche.

A 48 ans, il vend ses usines et ne s’occupe plus que de distribuer sa fortune : il investit dans des fondations pour encourager l’enseignement et la recherche, fait construire des bibliothèques et affecte une partie de ses richesses à l’œuvre des Héros.

Il meurt à 84 ans.

 Fondations pour les héros

En 1904, une catastrophe minière se produit dans un petit village des Etats-Unis ; bilan : 178 mineurs tués !

A. Carnegie organise sitôt l’assistance aux familles éprouvées et décide d’agir en faveur des héros pacifiques : en effet, il avait été fortement impressionné lors de cet accident, par un chef porion qui avait donné sa vie pour sauver celle d’un compagnon.

Son action est toute concrète puisqu’il a le souci de délivrer des soucis financiers les familles et les héros, momentanément en difficulté suite à cet acte d’héroïsme.

II crée à cet effet le « Carnegie Hero fund », à Pittsburgh, auquel il fait don d’une somme de 5 000 000 de dollars : nous sommes en 1909 ! L’expérience est à ce point concluante qu’il organise une aide semblable dans son pays natal : don de 1 500 000 dollars. D’autres pays d’Europe bénéficient de ses largesses : la France, l’Allemagne (la fondation a disparu depuis la guerre), la Suède, le Danemark, l’Italie, la Suisse, la Norvège, les Pays-Bas et la Belgique.

 En Belgique

Le 17 avril 1911, A. Carnegie envoie au ministre des Affaires étrangères, une lettre par laquelle il invite le « Gouvernement du Roi » à nommer une commission pour l’administration du fonds qu’il lègue à notre pays et qui s’élève à 230 000 dollars en obligations à 5 %, produisant un intérêt annuel de 11 500 dollars.

Ministère de l’Intérieur

L’usage de ces intérêts est strictement réglementé comme suit :

  • Une aide sera accordée aux héros pendant leur incapacité de travail, ou à leur famille en cas de décès selon des modalités déterminées. Ces dons devront être payés mensuellement.
  • Les dons ne seront octroyés que s’il en est fait un usage modéré et convenable.
  • Ces dons ne devront pas interférer avec certaines pensions accordées aux policiers, pompiers, etc. dans le cadre d’actes d’héroïsme, dans un souci évident de « déontologie ».
  • Les reliquats du fonds pourront être utilisés pour allouer des dons à des blessés, en accordant la préférence à ceux qui ont posé des actes d’héroïsme. En tout état de cause, les veuves avec enfants seront privilégiées.
  • Le fonds concernera les événements se produisant en Belgique et dans ses eaux territoriales.
  • L’intervention du fonds sera de règle pour tous les actes héroïques. Des médailles seront cependant décernées dans les cas où l’argent ne sera pas nécessaire.
  • La Commission aura le devoir de gérer le fonds au mieux des intérêts de celui-ci, de fixer les émoluments des fonctionnaires de cette charge.
  • Un rapport annuel sera dressé chaque année, qui reprendra les montants alloués, le nom des bénéficiaires et les motifs de l’allocation.

Le 13 juillet 1911, Albert 1er confirme, par arrêté royal, la fondation, et le 29 décembre 1911, un autre AR fixe l’organisation de ladite fondation.

Photos prises lors du 50e anniversaire de la création du fonds le 23 octobre 1961 au Palais des Congrès

Depuis, de nombreuses modifications sont intervenues dans son fonctionnement, mais toujours dans l’esprit de feu M. Carnegie.

 Les cheminots

L’étude des rapports annuels dressés depuis la création de la fondation révèle qu’à ce jour, 58 cheminots sont intervenus héroïquement dans des situations critiques, et pas nécessairement dans le cadre de leur travail.

La dernière récompense remonte au mois de décembre 1984, la première à l’année de la création du Hero fund.

 Financement

En 1949, le gouvernement décide d’inscrire annuellement un crédit au budget du ministère de l’Intérieur. Le fonds est également alimenté par deux grands établissements parastataux et par des dons et legs des particuliers.

 Constitution de la commission

Les membres de la Commission sont au nombre de 24 et représentent les plus éminents des grands corps et des grandes institutions de l’état.

Sa composition ne peut donner lieu à aucune priorité, qu’elle soit linguistique, politique, religieuse ou sociale.

 Récompense des actes d’héroïsme

Les récompenses - diplôme, médailles, allocation - sont strictement réglementées. Un prix spécial annuel « Jeanne Rombaut » a été institué, qui n’est décerné qu’aux jeunes héros de moins de 18 ans, pour le plus bel acte de courage et de dévouement.

75e anniversaire, le 25 octobre 1986

Voilà, dans les grandes lignes, la façon dont A. Carnegie a monté son entreprise. Car il s’agit bien d’une entreprise, certes sans but lucratif, mais néanmoins rentable pour le plus grand profit de ceux qui, dans l’ombre, agissent pour une meilleure humanité.


D’après une documentation du ministère de l’Intérieur.

Source : Le Rail, janvier 1988