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L’évolution des postes de signalisation

L. Devillers, ingénieur en chef E.S.

lundi 26 juillet 2010, par rixke

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 Les progrès d’après-guerre

Dès la fin de 1944, la S.N.C.B. s’est trouvée devant la nécessité de restaurer, au plus vite, ses installations détruites, et la plupart des postes de signalisation ont été reconstruits suivant les anciens errements. Mais la nouvelle Direction E.S. prépara les éléments favorables à l’évolution plus accentuée qui se précise actuellement, et qui aboutit notamment à la mise en service des postes « tous relais ».

Ces éléments consistaient notamment :

  • Dans de nouveaux schémas de câblage des signaux lumineux de jour et de nuit, réduisant de 40 à 60 % le coût des câbles, par rapport aux équipements mis en œuvre avant la guerre sur les lignes de Charleroi à Namur et de Bruxelles à Anvers ;
  • Dans la mise au point de circuits de voie isolée, pour pouvoir les appliquer plus largement au fonctionnement automatique des signaux ;
  • Dans l’amélioration de nombreux montages appropriés aux lignes électrifiées ;
  • Dans la rédaction de spécifications techniques qui devaient procurer, à moindre prix, un matériel de qualité, largement standardisé.

 Les postes « tous relais »

D’autre part, étaient apparus, peu après la dernière guerre, en France d’abord et sur d’autres réseaux voisins dans la suite, de nouveaux postes « à pouvoir » sans enclenchements mécaniques [2]. Ces postes, dont tous les enclenchements sont réalisés par des relais électriques, permettent de faire du chemin de fer « presse-boutons ».

Substitution d’un signal lumineux à un chandelier à palettes.

Les signaleurs commandent chaque itinéraire par un ou deux boutons ou par une clef, et les opérations en campagne se déroulent automatiquement jusqu’à l’ouverture du signal, qui s’effectue aussitôt que toutes les conditions de sécurité requises sont réalisées.

Trois postes de cette nouvelle famille furent mis en service : à Soignies, à Heist et à Alost. Leur montage, confié à des firmes spécialisées, étudié et surveillé par nos ingénieurs et nos chefs d’atelier, fut pour tous un enseignement.

Et depuis peu est né, sur le réseau de la S.N.C.B., un poste à pouvoir « tous relais », adapté à notre mode d’exploitation, dont l’étude et le montage sont entièrement confiés à nos services spécialisés.

 Demain

Ces postes « tous relais » n’étaient prévus, au début, que pour les grandes gares.

L’étage sous bâti d’une cabine électrique à leviers d’itinéraires et de signaux (Bruxelles-Midi).

Actuellement à la lumière des dernières réalisations, qui ont mis à profit, avec l’introduction des signaux lumineux, les améliorations techniques résultant des études antérieures, on peut entrevoir que la nouvelle technique des postes « tous relais » s’étendra à beaucoup d’installations moins importantes.

Cette évolution se fera petit à petit : les cabines mécaniques sont robustes, et des centaines d’entre elles, que la recherche d’une exploitation économique n’aura pas éliminées, seront encore en service bien longtemps.

Un poste « tous relais » (La Hulpe - Genval).

Mais, à l’occasion de l’aménagement de lignes ou de gares et des renouvellements qui s’imposent, des signaux lumineux se substituent aux signaux à palettes et abaissent le seuil d’utilisation des nouveaux postes. Des zones plus étendues, débarrassées des sujétions du gardiennage de passages à niveau, pourront être commandées par un même poste. Des pistes, des quais, des entrevoies de nos gares, disparaîtront progressivement les nappes de fils d’acier...

Vigilant comme ses devanciers, attentif aux indications lumineuses que lui donne un appareillage de contrôle perfectionné, mais confortablement installé devant le pupitre dont il manipule les clefs, le signaleur d’aujourd’hui pourrait-il regretter l’aiguilleur d’hier ?


Source : Le Rail, n° 8, avril 1957


[2Les premiers essais avaient eu lieu en Amérique et en Angleterre, des 1937, mais la guerre avait rapidement interrompu les sources d’information.