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Gentbrugge

G. Verplanken.

mercredi 23 novembre 2011, par rixke

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 Un mot sur l’ensemble

Cet ensemble ferroviaire, dont l’origine remonte à 1881, fut d’abord utilisé pour la réparation des locomotives et des wagons. Depuis la réorganisation des ateliers, en 1928, Gentbrugge s’est spécialisé dans la réparation des wagons, et la chaîne instaurée pour ce travail date de 1930.

A côté d’une fraîche petite gare, celle de Gentbrugge-Sud, se cache, presque introuvable pour ceux qui n’en savent rien, l’entrée principale de l’atelier central ; on la découvre juste au-delà du pont de béton, gris et lourd, sur lequel court la grand-route Bruxelles-Gand. Dès l’abord, les pelouses, les fleurs et les plantes du jardin attirent les regards sur leurs bandes vertes, jaunes et rouges, qui se déroulent, joyeuses, entre les bâtiments massifs. Alliez-vous oublier qu’on se trouve ici dans une région de floriculture ?
Le pignon d’un wagon pour le transport de ciment et de sucre dans la chaîne de montage.

Mais l’A.C. construit aussi des wagons, notamment des véhicules pour transporter du ciment et du sucre, des wagons-trémies, des véhicules ouverts à deux ponts pour charger des automobiles et pour les « auto-couchette-express ».

De plus, de nombreuses activités se sont développées en annexe, de sorte que les services rendus par l’A.C. Gentbrugge sont fort variés, comme on va le voir.

Un wagon à étage pour les « auto-couchette-express » dans la chaîne de construction.

L’ensemble occupe une superficie de 12 hectares, dont un tiers est bâti [1].

 La réparation des wagons

La réparation des wagons est répartie, à peu près à parts égales, entre les A.C. Cuesmes et Gentbrugge. Alors que l’un répare principalement les tombereaux en tôle, l’autre traite les wagons fermés, les wagons plats, les fourgons, les tombereaux en bois, les wagons de service et les wagons spéciaux.

Des wagons « déshabillés » attendent leur reconstruction.

Vous savez qu’on distingue la grande réparation, qui a lieu tous les 12 ou 18 ans, d’après le type du wagon, et la moyenne réparation ou la remise en état, dont la périodicité est fixée à six ans. La grande réparation concerne le wagon entier (châssis et caisse) ; la remise en état vise principalement la superstructure. Dans les deux cas, il faut veiller au dérouillage, la rouille étant l’ennemi le plus important.

Tas de bois.

 Le démontage

Les grandes réparations et les remises en état sont toujours précédées d’un démontage, complet ou partiel, du wagon ; il se fait dans une section équipée d’une chaîne, qu’on appelle « de déshabillage ».

 Les chaînes de montage

Pour la reconstruction des wagons, du fait de la diversité des types, on a prévu différentes chaînes de montage : pour les wagons fermés et les tombereaux, pour les wagons plats à deux essieux, pour les wagons plats sur bogies, pour les wagons spéciaux, pour la construction de wagons nouveaux...

Des souliers, des gants et des lunettes de sécurité s’imposent pour le travail à la puissante machine à quatre faces dans la menuiserie.

Au cours de la reconstruction, on utilise tantôt de nouvelles pièces, tantôt des pièces réparées. Les nouvelles pièces sont fabriquées, au préalable, dans des sections de fabrication, d’après un programme déterminé, tandis que les pièces qui peuvent encore servir sont réparées, soit dans l’une ou l’autre section de fabrication, soit dans une chaîne secondaire.

 Le levage

Une fois le wagon reconstruit, avec ses appareils de choc et de traction, on se préoccupe des organes de roulement et de suspension. C’est aussi une phase importante de la réparation : les risques de déraillement et d’échauffement (boîtes chauffantes) en dépendent.

Pour ce travail, qui concerne les roues, les boites à huile, les ressorts et leurs accessoires, le wagon parcourt la chaîne dite de levage. On lève, en effet, le wagon pour retirer les organes de roulement et de suspension ; ceux-ci sont vérifiés, réparés, remis en état ou remplacés.

 L’achèvement

Une fois cette chaîne passée, le wagon est complètement réparé, et l’on s’occupe de son achèvement et de sa parure.

Les fours à sécher.

On le peint d’abord, au pistolet : la caisse, en couleur rougeâtre ; le châssis ainsi que les organes de roulement et de suspension, en noir. Après la peinture, les différentes marques et inscriptions sont apposées au moyen du poncif et du pistolet. Ces travaux se font, eux aussi, sur une chaîne.

Ensuite, on règle l’installation de freinage dans toutes ses parties, encore une fois sur une chaîne, que l’on a baptisée la « chaîne de la fosse de pression », parce que l’installation de freinage du wagon, amené au-dessus d’une fosse de visite et de travail, est examinée et réglée sous pression.

Après la « fosse de pression », le wagon est complètement achevé. Les visiteurs d’atelier l’examinent à fond et, lorsqu’ils auront fait corriger, s’il y a lieu, la plus petite imperfection, le véhicule sera mis à la disposition de l’exploitation, pour reprendre ses voyages à travers la Belgique et la plupart des pays européens... Quand il reviendra à Gentbrugge, pour la réparation suivante, parmi les mains qui le reprendront, à côté de quelques anciennes, qui auront vieilli, il y en aura beaucoup de jeunes, celles de la relève...

Un coin du magasin des pièces de rechange pour wagons.

 Autres activités

L’A.C. Gentbrugge a encore d’autres activités, notamment : le travail du bois, la fourniture de l’outillage et des huiles, l’emmagasinage, la réparation et la distribution des blocs d’arrêt, des ustensiles d’arrimage, des fûts, des scies circulaires et à ruban, la fabrication et la réparation des meubles, le stockage de « perfect-packing » pour boites à huile et sa régénération...

 Le travail du bois

L’A.C. de Gentbrugge reçoit, travaille et fournit, pour tout le réseau, tout le bois nécessaire aux wagons et aux vieilles voitures. Sur une année, des milliers de mètres cubes de bois sont manipulés et travaillés. Les planches sont superposées, d’après leurs dimensions, sur de hauts tas. Dans le faisceau de garage, dit le « Congo », sur les terrains vagues de la gare de formation de Gand-Maritime, dans les dépendances de la gare de Mouscron, s’étendent des milliers de mètres cubes de bois, mis en tas avec l’écart requis par la prévention contre le danger d’incendie, en sorte que le vent y circule librement, ce qui fait sécher les planches d’une façon régulière et naturelle.

Une vue du réfectoire de l’A.C.

En cas de besoin, six fours peuvent sécher environ 30 m³ de bois chacun, en deux ou trois semaines, de façon artificielle, jusqu’au degré d’humidité souhaitable. Ces fours servent aussi à débarrasser de leur sève et de leur tanin les planches en chêne destinées au plancher de certains types de wagons. Cette épuration facilite le séchage naturel, empêche la déformation du bois et en favorise la conservation.

Le planage des scies à ruban exige de la précision et de la patience.

Le travail mécanique du bois exige plusieurs machines solides, dont la plupart à grand nombre de tours (scies à débiter, machines qui éliminent les nœuds et les remplacent par du bois sain, machines à dédoubler, puissantes machines à quatre faces qui, d’après l’essence du bois, travaillent, avec une vitesse de 15 à 30 mètres à la minute, les planches en même temps sur leurs quatre faces, toupies, raboteuses, scies circulaires et à ruban, machines à mortaiser, machines à cheviller...).

 Les magasins

Le service administratif des approvisionnements, qui gère les magasins, ainsi que les différentes sections de fabrication (la tournerie, la forge, la section des soudeurs, la menuiserie et la section de fabrication), fait face, sans cesse, à une tâche difficile. Par ses soins, les magasins sont approvisionnés en matières premières et en pièces œuvrées, de façon que le travail puisse suivre son cours régulièrement, sans faille, aussi bien dans l’atelier central que dans les services extérieurs. Pour ceux-ci, on a même organisé un « service express », grâce auquel les pièces demandées par téléphone sont expédiées par le premier train de voyageurs et arrivent à destination au plus tard dans les vingt-quatre heures

Cependant, il ne suffit pas d’empiler les matières premières et les pièces à l’aveuglette. Les approvisionnements ce capital mort, sont limités au minimum, grâce au contrôle ininterrompu des stocks et des besoins.

 Autres services

Outre le bureau des approvisionnements et les magasins, qui, ensemble, constituent un des pivots de l’organisation générale, plusieurs services jouent aussi un rôle important :

  • Le bureau de dessin, avec ses dix dessinateurs chargés d’études et de projets divers à fournir en temps opportun ;
  • Les bureaux de fabrication et de planning ;
  • Le bureau de codification, qui donne à chaque pièce sa dénomination et son numéro ;
    * Les autres services administratifs (comptabilité, matériel et personnel).

 Floralies...

Mais ce n’est pas tout. Comme dans la chanson, on pourrait dire que l’A.C. Gentbrugge met une fleur à son chapeau. En effet, trois serres abritent des fleurs aux couleurs vives, et des plantes luxuriantes qui s’en iront mettre un peu de poésie dans pas mal de bureaux sévères et dans les salles où se déroulent des cérémonies académiques.

Luxe de fleurs et de plantes dans une des serres

Source : Le Rail, septembre 1959


[1Notre article se limitera â l’A.C. Gentbrugge proprement dit. Mais notons qu’au point de vue administratif, à cet ensemble s’ajoutent encore le garage régional (avec ses postes d’entretien de Bruges, d’Ostende, d’AIost et de Saint-Nicolas) et l’atelier des wagons de Merelbeke, chargé de l’entretien ordinaire des wagons. L’effectif total comprend environ 1.200 ouvriers, 25 agents de maîtrise et une cinquantaine d’employés et de fonctionnaires.