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Le rail au Congo : le B.C.K.

mercredi 21 décembre 2011, par rixke

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 L’origine

Le décret du 31 octobre 1906, portant fondation de la Compagnie du Chemin de fer du Bas Congo au Katanga, en abrégé le B.C.K., définit comme suit les objectifs de la Compagnie :

  1. Réaliser la participation de l’Etat dans le capital de la Compagnie du Chemin de fer du Katanga, créée en 1902, et procéder ou participer à l’étude, à la construction et à l’exploitation de ce chemin de fer. Celui-ci doit ouvrir une double voie d’accès au Katanga : par le sud, en se soudant au rail rhodésien prolongé jusqu’à la frontière, et par le nord, en touchant le fleuve Congo (ou Lualaba), dont les sections non navigables viennent d’être doublées par rail à l’intervention de deux autres Compagnies (Compagnie du Chemin de fer du Congo et Compagnie des Chemins de fer du Congo supérieur aux Grands Lacs africains, en abrégé les C.F.L.).
  2. Etudier, construire et exploiter, pour compte, de l’Etat, les lignes de chemin de fer destinées à relier la région des gisements miniers du Katanga, d’une part au Bas Congo et d’autre part à la ligne portugaise du Benguéla, basée sur le port de Lobito.
Le pont de Bukama (248 m.) sur le Lualaba.

Cet exposé résume le plan adopté par Léopold II, souverain de l’Etat indépendant du Congo, pour doter le Congo du système de voies de communication indispensable à son essor. Apportant à l’Etat le concours de ses techniciens, en même temps que des appuis financiers, le B.C.K. devait assurer l’unité de vues et d’action nécessaire à la réalisation de ce programme.

 Un peu d’histoire

Dès 1918, le premier objectif est atteint : la ligne Sakania - Bukama ouvre un accès au Katanga par les deux océans, Indien et Atlantique, qui baignent les côtes de l’Afrique.

Le projet de liaison ferrée avec le Bas Congo est entamé en 1923, mais n’est réalisé que partiellement, de Bukama à Port-Francqui (1928) ; la jonction avec la ligne portugaise du Benguéla est inaugurée peu après (1931). Ces deux dernières lignes sont construites et exploitées pour compte de la Société des Chemins de fer Léopoldville - Katanga - Dilolo qui, entre-temps, s’est substituée à l’Etat.

De l’ensemble ferroviaire conçu par le fondateur du Congo, un seul élément fait donc encore défaut : le tronçon Port-Francqui - Léopoldville, dont la construction est subordonnée à une décision du ministre du Congo belge et du Ruanda-Urundi.

En 1956, un autre chaînon a été ajouté sous l’empire de préoccupations nouvelles : la ligne Kamina - Kabalo, qui opère la jonction des réseaux B.C.K. et C.F.L. et dont l’exploitation est assurée de Kamina à Kabongo par le B.C.K. et au-delà par les C.F.L.

La gare de Luluabourg

La Compagnie du B.C.K. se trouve ainsi chargée d’exploiter un réseau de 2.612 km. de voies, raccordements inclus, ainsi que les ports fluviaux de Bukama el de Port-Francqui. Pour être complet, il importe de signaler que la concession du réseau et des ports est dévolue, depuis 1952, à la Compagnie des Chemins de fer Katanga - Dilolo - Léopoldville (K.D.L.), à la suite de la fusion intervenue entre la Compagnie du Chemin de fer du Katanga et la Société des Chemins de fer Léopoldville - Katanga - Dilolo.

 Caractéristiques de l’exploitation

Les chiffres ci-dessous, empruntés aux statistiques de 1958, donnent une idée du trafic assuré :

Voyageus-kilomètres (en milliers d’unités) 266.670
Tonnes - kilomètres (en milliers d’unités), dont 727.563 représentent le trafic minier 1.503.244
1.769.914

La traction-vapeur a fait partiellement place à la traction électrique. L’électrification des lignes, qui a débuté en 1952, a été effectuée en 25.000 volts - 50 périodes ; ce mode de traction est actuellement appliqué sur 526 km. de voies principales, absorbant plus de 35 % du trafic global.

Les lignes sont construites à simple voie, à l’écartement standard africain de 1 m. 067 ; les rails, de 29,3 ou de 40 kg. au mètre courant, sont posés en général sur traverses métalliques.

 Le personnel

Le personnel affecté en Afrique à l’exploitation du réseau comprenait, au 31 décembre 1958, 13.725 agents congolais et 691 agents européens.

L’utilisation des services d’un tel contingent de travailleurs autochtones, dont 12 % au moins doivent recevoir une formation technique plus poussée, a amené la Compagnie, dès les premières années, à prendre l’initiative de créer un enseignement professionnel. Dans l’école centrale de Jadotville, quelque 300 élèves reçoivent une formation professionnelle générale (ajustage), puis spécialisée (tournage, électricité, mécanique).

Cet aspect humain des activités d’une société de chemin de fer en pays neuf met en évidence la contribution qu’elle apporte sur le plan éducatif et social à l’évolution des populations noires.

A l’école professionnelle de Jadotville.

Source : Le Rail, janvier 1960