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Les locomotives à vapeur de l’Afrique du Sud.

L. Huyghebaert.

mercredi 10 août 2016, par rixke

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Le Parc Kruger et le Kalahari ne m’étaient pas inconnus. Ils faisaient partie de mon bagage culturel. L’Afrique du Sud, je l’avais appréhendée au travers de cette extraordinaire aventure que fut la première transplantation d’un cœur humain.

Enfin, passionné par les chemins de fer, j’avais découvert, dans des revues spécialisées, que ce pays comptait encore plusieurs locomotives à vapeur aux dimensions inhabituelles en Europe. Je disposais de tous les ingrédients nécessaires à un beau voyage.

Fébrilement, j’accomplis les formalités indispensables à mon départ, expédiai les vaccinations obligatoires et révisai mon appareil photo.

Kaaimans Bridge Class 21 avec le train mixte

Seule la carte de crédit n’était pas prête, mais elle me rejoignit poste restante à Johannesburg.

J’empruntai le train jusqu’à Luxembourg où un autobus communal me conduisit à l’aéroport. Douze heures plus tard, un Jumbo me déposait à Jan Smuts, l’aéroport de Johannesburg et de Pretoria. Pour cette première expédition, j’avais choisi la formule du voyage organisé ; en l’occurrence, l’organisateur était le « Railway Preservation Group » dont l’objectif est la sauvegarde des locomotives à vapeur.

Le lieu de ralliement était le club luxueux de la gare de Johannesburg, le « Blue Room ».

18.10.90 - Oranje Rivier. Départ vers les plans inclinés en direction de Kimberley. Class 25 NC n° 344 P

Le programme prévoyait quinze jours de voyages en train, totalisant un parcours de quelque 4 700 km, dont 3 400 assurés par 12 types de locomotives à vapeur différentes.

Le rêve pour un mordu comme moi.

A Johannesburg, j’eus la surprise de pénétrer dans une gare souterraine aux dimensions gigantesques : n’importe quel quidam aurait pu y entrer avec sa voiture et la garer le long d’un train, sans entraver la circulation.

12.05.89 - Sortie de Pederberg. Class 25 NC n° 3536 - Class 26 n° 3450. Trains marchandises de Kimberley vers Bloemfontein

Notre train était particulièrement bien équipé d’une voiture-restaurant, d’une voiture-cuisine, d’une voiture-bar, d’un wagon réfrigérant et de voitures-lits.

Le trafic étant plutôt rare, rien ne s’opposait à arrêter notre équipage en pleine voie, au milieu de paysages superbes et ... désertiques.

Nous en avons largement profité. Selon un système éprouvé, au troisième coup de sifflet du machiniste, nous étions autorisés à quitter le train pour nous rendre à l’endroit imposé pour prendre la photo.

05.10.90 - Class 24 - Knysna, pont sur la lagune - Océan indien à l’arrière-plan

Les indisciplinés étaient rappelés à l’ordre à l’aide du mégaphone, de sifflements, voire même de jets de pierre ! Il faut croire que la passion des locomotives nous aveuglait au point de supporter un tel régime, imposé par les organisateurs.

Avec le recul, je me dis que c’était proprement insensé. Certains endroits étaient fort éloignés ou d’accès difficile, au-delà des barbelés qui longent la voie.

Nous courions donc souvent, car il fallait réintégrer le train dans les délais impartis par le même sifflement impératif de la loco. D’aucuns l’ont raté, évidemment. Ils étaient ramenés, en fourgonnette cellulaire, par des policiers très amènes.

29.04.89 - Près de George. Class 24 + G MAM

Les journées s’écoulaient ainsi, entrecoupées par les repas d’une qualité nettement supérieure à celle rencontrée dans les wagons-restaurants européens. Peut-être les vins sud-africains influencent-ils mon appréciation ? La journée débutait par un thé servi au lit, suivi d’un solide breakfast ; à midi, un lunch coupait la faim, et le soir, nous nous régalions d’un dîner copieux et appétissant.

C’était l’occasion d’échanger de menus propos avec nos compagnons allemands, suisses, anglais, italiens, autrichiens, australiens, néo-zélandais, hollandais et sud-africains, bien sûr.

L’amour des locos n’a pas de frontières. A l’issue de ces 15 jours « organisés », je décidai de prolonger mon séjour de 15 jours supplémentaires.

04.10.90 - Knysna Class 24

Je voulais visiter Kimberley, le dernier grand refuge des locomotives à vapeur. Là, deux mondes se côtoient, l’ancien et le nouveau ; celui de la vapeur et celui des caténaires.

Je me présentai à l’Administration centrale pour obtenir l’autorisation de photographier le dépôt, situé plus précisément à Beaconsfield, petit faubourg industriel, à quelques kilomètres du centre de Kimberley. En attendant la signature du Directeur général, j’eus à répondre aux questions de sa secrétaire, à propos de notre pays.

Sept minutes plus tard, j’avais la signature en poche et la perspective d’un lendemain enchanteur.

04.05.89 - Class 15 AR n° 2093 + Class 15 AR n° 2100 + allège. Loco vapeur entre lookhouse et King Williams Town

Source : Le Rail, août 1991