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Le musée des chemins de fer belges à Bruxelles Nord

G. Feron.

vendredi 14 septembre 2012, par rixke

La Belgique et la SNCB viennent de célébrer le 150e anniversaire de la naissance du chemin de fer. Le public a participé en masse aux nombreuses manifestations organisées à cette occasion, témoignant une fois de plus de son grand intérêt pour le train, et surtout pour la locomotive à vapeur. Nombreux furent ceux qui alors s’étonnèrent de « l’absence d’un musée du rail digne de ce nom », méprisant le modeste mais cependant très beau musée en gare de Bruxelles Nord. Nous y reviendrons plus loin.

Le musée tel qu’il se présentait dans les locaux de l’ancienne gare du Nord

Il est tout de même curieux qu’un pays pionnier en cette matière et ayant compté de nombreuses générations de cheminots enthousiastes et amoureux du métier, ait attendu près de cent vingt ans pour créer un « petit » musée.

En réalité, le phénomène est tout à fait normal.

Quasi chaque famille belge a compté, ou compte encore, un cheminot parmi les siens. Jusqu’à un passé récent, on entrait dans la confrérie de père en fils. La famille vivait dans l’ambiance des chemins de fer, au rythme des trains, dans des flocons de vapeur et au son des coups de sifflet. Le décor était devenu tellement familier que l’on ne pouvait se représenter une vie différente de celle-là. On ne pensa guère à conserver, pour les générations futures, des témoignages du glorieux passé et d’un non moins passionnant présent.

Il a fallu la disparition de la locomotive à vapeur le 20 décembre 1966, pour réaliser la nécessité de sauvegarder le patrimoine ferroviaire.

La Belgique a toujours accordé une très grande importance à son matériel roulant : il est devenu un produit d’exportation réputé et donc très important pour l’industrie nationale.

Locomotive « Le pays de Waes », un authentique témoin de nos premiers chemins de fer concédés

C’est ainsi que dans toutes les expositions internationales organisées en Belgique, notre chemin de fer a toujours disposé de pavillons plus importants que ceux des plus grandes nations. Il ne nous a pas été possible de découvrir comment naquit, vers la moitié du XXe siècle, l’idée de créer enfin un musée. Il est un fait que les architectes Saintenoy et Fils, qui conçurent la nouvelle gare de Bruxelles Nord, réservèrent deux espaces apparemment immenses pour la création d’un musée ferroviaire. Ils agirent ainsi sur ordre de la Société, mais personne ne semble avoir revendiqué cet honneur. Quoi qu’il en soit, les amis du rail devront une reconnaissance éternelle à ces illustres inconnus.

L’idée doit avoir germé après la Libération : en effet déjà un train-exposition circulait de gare en gare vers 1947. On pouvait y admirer les futurs éléments du musée. MM. Cl. Pierard et Winand, fonctionnaires de ce qui s’appelait alors le Service de presse et de documentation, jouèrent un rôle prépondérant dans le rassemblement et la présentation des trésors du musée. Les collections ainsi constituées furent présentées à partir de 1951 dans les salles d’attente désaffectées de l’ancienne gare du Nord, côté rue du Progrès.

Quand sonna le glas de la vieille gare, et en attendant l’achèvement des nouveaux locaux, les collections furent entassées d’une manière incroyable dans les réduits de la gare de Bruxelles Congrès. En les visitant à l’époque, j’ai cru que jamais on ne pourrait recréer le musée. J’étais trop pessimiste. Les précieuses collections furent redéployées avec bonheur en gare de Bruxelles Nord. Rapidement, les salles furent garnies jusqu’au dernier recoin. L’inauguration eut lieu en 1958.

Les oiseaux de malheur avaient prédit la mort du rail. La réalité fut tout autre. Le réseau n’étant pas mort, il s’imposait de démontrer ce fait au public. Le musée ne devait pas être un sanctuaire réservé au passé, mais au contraire, il se devait d’être le témoin d’une actualité passionnante et l’antichambre d’un futur prometteur.

Mais la place manque cruellement. Impossible de présenter du matériel roulant réel, sauf le « Pays de Waes » de 1842. Le département Ciné-photo a réalisé de très beaux documents photographiques et des films vidéo, pour illustrer l’histoire du réseau en évolution permanente.

Pendant ce temps, et surtout grâce à l’impulsion de monsieur R. Weber, Directeur général adjoint honoraire, les responsables de la Direction générale et des directions techniques conservent, rassemblent, restaurent tous les témoignages du passé dont l’existence est signalée, afin que les générations futures puissent un jour les contempler dans un grand musée digne de ce nom (lorsque les moyens financiers le permettront).

En attendant, plusieurs dizaines de milliers de visiteurs se rendent au musée chaque année. Certains trouvent que trop de choses y sont présentées simultanément. D’autres voudraient voir doubler si pas tripler les collections.

Les choses étant ce qu’elles sont, nous devrons nous contenter provisoirement du musée tel qu’il est, en espérant qu’un jour, la Belgique disposera d’un grand musée national, où se retrouveront les collections actuelles, les locomotives, les voitures, les wagons, les automotrices et autres trésors sauvés et préservés dans ce but. Mais les amateurs peuvent d’ores et déjà s’attendre à des remaniements que nous espérons heureux.

Au premier niveau de l’actuel musée, la pièce maîtresse est, sans conteste, la locomotive appelée : « Pays de Waes », conçue et construite vers 1842 par l’ingénieur De Ridder. Une superbe collection de maquettes réalisées par les apprentis-hommes de métier de la SNCB permet de suivre l’évolution du matériel roulant. Le rail, la voie, la signalisation, les communications, l’électricité, la locomotive et son mécanisme sont représentés par des maquettes, des coupes, du matériel didactique. L’étage est réservé à l’architecture, aux ouvrages d’art, aux grands travaux, aux vicinaux et à l’homme du rail : son travail, son esprit social, son uniforme, ses actes de résistance et de bravoure lors des conflits mondiaux.

Locomotive type A Belpaire de 1867

Des photos, des appareils vidéo et une salle de projection permettent de se faire une idée de nos chemins de fer actuels, toujours à la pointe du progrès technique.

Le musée est ouvert tous les jours, de 9 h à 16 h 30, du lundi au vendredi. A partir du mois de septembre, il ouvrira ses portes chaque premier samedi du mois. L’entrée est gratuite. Des visites guidées sont possibles mais doivent être demandées au préalable, en téléphonant au numéro XX/XXX XX XX extension XXXX. Un catalogue et de nombreux ouvrages passionnants, réalisés par des cheminots ou des amis du rail, peuvent y être acquis à des prix modiques.


Source : Le Rail, juillet 1986