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Nos décorés par le Carnegie Hero Fund
mercredi 20 novembre 2013, par
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En 1911, le grand philanthrope américain Andrew CARNEGIE a fait don à la Belgique d’un capital de 230.000 dollars, dont les intérêts seraient destinés à récompenser ceux qui n’ont pas hésité à exposer leur vie pour sauver celle d’autrui.
L’administration de ce fonds est présidée par M. le Ministre de l’Intérieur. Elle a mis à l’honneur un grand nombre de cheminots pour leur conduite héroïque, soit à l’intérieur de nos installations, soit à l’extérieur. C’est avec fierté que nous avons lu leurs citations dans les rapports du Fund. Nous reproduisons ci-après celles qui relatent des actes d’héroïsme qui se sont produits dans nos installations. Il ne nous était pas possible de publier les photos de tous ceux qui se sont ainsi distingués ; un choix nous était forcément imposé ; il s’est porté sur les cheminots et sur la cheminote, encore en vie, qui ont été décorés au cours des dix dernières années.
Notre liste ne comprend pas tous nos collègues qui se sont signalés par leurs actes de courage ou de dévouement dans nos installations : en plus des décorés par le Carnegie Hero Fund, nous pouvons encore être fiers notamment de tous ceux qui, d’autre part, ont mérité la médaille civique octroyée par M. le Ministre de l’Intérieur.
A.-J. MANNIETTE (†).
« Le 26-3-1911, en gare de Gembloux, en voulant sauver un voyageur qui allait être écrasé par un train, le ff. sous-chef de station MANNIETTE, atteint par la traverse de la locomotive, fut projeté sur le sol avec une telle violence qu’il fut couvert de contusions et ne reprit ses sens que plusieurs jours après. »
P. REEBER (†).
« Pierre REEBER, contremaître, s’est dévoué en éloignant de la gare du Midi, à Bruxelles, le 17-11-1918, des wagons chargés de munitions, alors que plusieurs explosions s’étaient déjà produites. REEBER, agent actif d’un service de renseignements en Belgique occupée, rentrait alors d’Allemagne, où il avait subi une longue et dure captivité. »
O. TITEUX (pensionné le 1-2-1942).
« Dans la nuit du 15 au 16 juin 1921, Odon TITEUX, surveillant à Liège, fut prévenu de ce que le tunnel en réfection de Veurs à Teuven s’était rempli de gaz délétères et que la vie d’une centaine d’ouvriers qui y travaillaient était en danger. Il partit aussitôt avec un chef d’équipe, qui, se trouvant indisposé, dut rebrousser chemin. TITEUX continua seul la visite du tunnel, où il trouva une cinquantaine d’ouvriers inanimés : d’autres, quoique moins incommodés, n’avaient cependant plus la force de se sauver seuls. Faisant preuve d’un sang-froid et d’un courage remarquables, TITEUX organisa immédiatement une équipe de secours et sauva la vie à tous les travailleurs. Bien qu’intoxiqué lui-même, TITEUX fit encore une dernière visite complète du tunnel pour s’assurer qu’il ne restait aucun camarade en danger. »
J.-B. VAN HOVE (pensionné le 1-5-1946).
« Le 16 octobre 1924, le machiniste Jean-Baptiste VAN HOVE, de Borgerhout, longeait la voie du chemin de fer pour se rendre à la remise de Liège-Fragnée ; le chauffeur Wauters, qui le précédait, fut renversé brusquement par une locomotive. VAN HOVE se porta au secours de son camarade et, le jetant hors de la voie, lui sauva la vie. Mais le courageux sauveteur ne put éviter le choc de la machine et fut atteint de blessures et contusions, qui occasionnèrent une incapacité de travail de deux mois. »
H.-J. DESCHRYVER ( pensionné le 1-8-1962).
« Le 17-7-1925, un wagon chargé de fûts d’alcool prit brusquement feu, en gare de Bruxelles-Ouest, au milieu d’une rame d’autres wagons L’agréé Henri-Joseph DESCHRYVER, de Schaerbeek, accourut sur les lieux et tenta de décrocher le wagon en feu pour l’isoler. Atteint et brûlé par un jet d’alcool enflammé, DESCHRYVER tenta encore cependant d’amener la partie mobile d’une grue au-dessus du foyer d’incendie ; atteint une seconde fois par un jet d’alcool, il reçut des brûlures graves. DESCHRYVER subit une longue incapacité de travail. »
H. VANDEVELDE (pensionné le 1-3-38).
« Le 5-11-1926, un voyageur qui s’était imprudemment engagé sur la voie en gare d’Eecloo, au moment de l’arrivée d’une rame de voitures, glissa et tomba à la renverse dans l’entrevoie, où il resta inanimé. Le sous-chef de station Hippolyte VANDEVELDE saisit l’homme au moment où il allait être atteint par le convoi et le maintint, bien que le marchepied frôlât ses bras étendus, jusqu’au moment où le machiniste parvint à immobiliser la rame. »
F.-J.-J. PIRONET (pensionné le 1-10-46).
F.-J.-E. LAMBOTTE (pensionné le 1-7-1951).
« Le 14-10-1928, à Andenne, une personne de forte corpulence, voulant prendre place dans l’avant-dernière voiture d’un train express, n’avait pas réussi à y pénétrer et se trouvait à genoux sur le second marche-pied au moment du démarrage, le signal du départ ayant été donné trop hâtivement. Dans cette position, elle fut soutenue par le conducteur de train Joseph-Louis PIRONET, de Kinkempois, et parcourut ainsi une distance de 1.300 mètres ; tous deux étaient en danger extrême, car on approchait du tunnel de Seilles, contre lequel ils allaient buter.
« Grâce à l’esprit de décision et au courage dont fit preuve Fernand-Joseph-Emile LAMBOTTTE, inspecteur, à Liège, on n’eut pas à déplorer un accident grave. LAMBOTTE, qui se trouvait dans la voiture voisine, sans hésitation, au péril de sa vie, s’introduisit entre deux voitures et parvint, par un violent effort, à faire sauter avec le pied l’accouplement de la conduite du frein Westinghouse : il provoqua ainsi l’arrêt du train avant son arrivée au tunnel de Seilles. »
J.-J. MATHIAS (pensionné le 1-8-1930).
L. GODIN (pensionné le 1-3-1954).
« Jules MATHIAS, de Forest, machiniste, et Louis GODIN, de Bruxelles, chauffeur, tous deux à la S.N.C.B. : le 5-12-1929, le train semi-direct Bruxelles - Charleroi s’engageait dans la grande courbe à pente descendante très prononcée précédant la gare de Baulers, quand le joint de vapeur d’un injecteur se brisa sous la marquise de la locomotive, inondant la plate-forme de vapeur et d’eau bouillante et rendant impossible l’approche des pièces de commande des freins Westinghouse. Les signaux étaient à l’arrêt ; une catastrophe allait inévitablement se produire si le train continuait sa marche. MATHIAS, quoique grièvement brûlé, grimpa sur le tender pour atteindre les boyaux du frein, mais une secousse le jeta sur la voie au moment où arrivait un train roulant vers Bruxelles et qui faillit l’écraser : il fut atteint, dans sa chute, de multiples contusions.
« GODIN, à son tour, n’hésita pas à tenter la même manœuvre et, plus heureux, parvint, malgré tous les dangers, à découpler les boyaux du frein entre tender et fourgon et à obtenir l’arrêt du train par une manœuvre intelligente des robinets d’interruption.
« Ces deux agents se sont exposés gravement pour empêcher une catastrophe dont les conséquences auraient sans doute été effroyables. Tous deux ont dû subir une longue incapacité de travail. »
J. PEETERS (†).
« Le 1-2-1930, Joseph PEETERS, garde-barrière, a trouvé la mort en retirant des voies du chemin de fer un ivrogne qui s’y était aventuré au moment de l’arrivée d’un train, quoique les barrières fussent fermées. Il laisse une veuve et un petit garçon de trois ans. »
F. HOREMBACH (†).
« Le 4 mai 1930, un enfant de 5 ans s’était aventuré sur la voie en gare de Tilleur, au moment de l’arrivée d’un train. L’homme d’équipe François HOREMBACH se précipita au secours du petit imprudent et l’entraîna dans l’entrevoie, au moment où la locomotive du train frôlait le courageux sauveteur. »
F. MARCHAL (†).
L. L.ABOCK (actuellement rédacteur).
L. THERASSE (pensionné le 1-7-1951).
A. STIENON (pensionné le 1-9-1946).
H.-J.-B.-J. RATZ (pensionné le 1-12-1933).
F. VALERE (pensionné le 1-1-1935).
« Le 29-4-193O, un violent incendie éclata à proximité de la gare de Jambes-Nord. Un wagon contenant 5.000 litres d’essence menaçait de faire explosion et de communiquer le feu à d’autres matières inflammables. Une catastrophe allait se produire, lorsque Florian MARCHAL, chef de gare, aidé de Léon LAROCK. Léon THERASSE, Arthur STIENON, Henri RATZ et Fernand VALERE, réussit à écarter le wagon, dont la peinture commençait à se calciner. »
J.-H.-H. DRISSEN (actuellement chef de gare).
P. SMEKENS (†).
« Le 22-7-1930, en gare de Saint-Nicolas-Waes, un ouvrier, âgé de 70 ans, traversait, malgré la défense expresse, les voies du chemin de fer pour gagner son train, lorsqu’un autre convoi, arrivant à une allure de vingt kilomètres à l’heure, était à une vingtaine de mètres de lui. Dans sa hâte, il trébucha et tomba. Jean DRISSEN, sous-chef de station, et Pierre SMEKENS, chargeur, se précipitèrent à son secours et parvinrent à retirer le malheureux, au moment où le train passait en les frôlant. »
J. LIEVENS (†).
« Le 20-12-1930, le piocheur Joseph LIEVENS, d’Anderlecht, a trouvé une mort héroïque en empêchant un déraillement qui aurait pu avoir de terribles conséquences. »
J.-M.-C.-H. KIRCH (†).
« Le 12-10-1931, Hubert KIRCH, de Pepinster, a été blessé en retirant un voyageur des voies du chemin de fer, au moment où celui-ci allait être happé par le train. »
J.-L.-O. BRAGARD (pensionné le 1-4-34).
« Le 29-4-1932, Oscar BRAGARD, chef de gare principal à Kinkempois, parvint à retirer de la voie un vieillard de 78 ans, au moment où il allait être écrasé par un train. »
A. ROELS (pensionné le 1-10-1955).
Ph. GUNS (pensionné le 1-8-1947).
A. VAN DE WIELLE (actuellement machiniste).
« Le 22 juin 1991, August ROELS, machiniste à Termonde, Philémon GUNS, chargeur à Merchtem, et Alfons VAN DE WIELLE, chauffeur à Termonde, n’hésitèrent pas à monter sur une locomotive et à se porter au-devant d’une rame de wagons qui dévalait de la gare d’Assche vers Molhem et Merchtem ; au risque de leur vie, ils empêchèrent de graves accidents. »
E. ANDRY (†).
« Le 15-1-1932, Emile ANDRY, chef de station à Labuissière, retira des voies ferrées une femme, au moment où celle-ci allait être écrasée par un rapide. »
J.-B. DEMEYER (†).
« Le 24-11-1933, le sous-chef de station Jean-Baptiste DEMEYER, de Tubize, a sauvé un enfant qui allait être atteint par un train ; une seconde de plus, sauveteur et sauvé étaient écrasés. »
D. DAFFE (†).
« Le 9-9-1934. vers 20 h., une enfant tomba du train, entre Fosse et Aisemont. Désiré DAFFE, de Jemeppe-sur-Sambre, ayant essayé vainement de faire fonctionner la sonnette d’alarme du compartiment, ouvrit une portière du côté de l’entrevoie pour atteindre une autre voiture. Malheureusement arrivait à ce moment un train en sens inverse, et le courageux DAFFE fut tué. »
A. DELFANNE (actuellement facteur de gare).
« Le 19-12-1934, en gare d’Estinnes, une jeune fille allait être écrasée par un train lorsque l’agréé A. DELFANNE se précipita à son secours et parvint à la retirer au moment où la locomotive les frôlait tous deux. »
F.-H. LASSENCE (†).
« Le 4-10-1947, Fernand LASSENCE, machiniste à la S.N.C.B., demeurant à Libramont, est mort victime de son dévouement en restant stoïquement à son poste dans l’autorail qui allait être tamponné à Meix-devant-Virton. Par cet acte d’héroïsme, il permit à deux voyageurs de sauter de l’autorail et de conserver la vie. Cinq occupants de l’autorail, dont LASSENCE, furent tués. »
Il fut aussi cheminot Andrew CARNEGIE est né en Ecosse, en 1835. Treize ans plus tard, sa famille émigre aux Etats-Unis. Le jeune CARNEGIE, devenu porteur de télégrammes, consacre tous ses loisirs à s’instruire. En 1853, il entre comme employé de télégraphe dans une compagnie de chemin de fer. Le cheminot Andrew CARNEGIE gravit tous les grades et accède rapidement au poste de directeur. Les services qu’il rend sont si fructueux qu’il reçoit, en récompense, une partie des actions de la compagnie.
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M. HELLEMANS (actuellement garde-barrière).
« Le 21 août 1949, Marguerite HELLEMANS, épouse BAETENS garde-barrière à Lokeren, quoique mère de trois enfants, se précipite devant un train qui approchait et sauve une petite fille de deux ans se trouvant sur la voie. Le train stoppe à un mètre de l’héroïque garde-barrière. »
A.-L. DELMOUSEE (actuellement chef de gare).
« Le 10-12-1949, Armand DELMOUSEE, chef de gare à Ecaussinnes-Carrières, arracha à la mort un voyageur imprudent qui allait être écrasé par une locomotive. DELMOUSEE fut grièvement blessé en accomplissant cet acte de courage. »
H.-C. DERIJCKE (actuellement poseur de voie).
« Le 19-9-1950, Hironymus DERIJCKE, ouvrier à Adinkerke, assurant la garde du passage à niveau sur la ligne Furnes – Adinkerke, parvient, avec un sang-froid extraordinaire, à sauver à la toute dernière extrémité un motocycliste inanimé, coincé sous sa moto entre les rails, et qu’un train allait écraser. »
Ed. VROMAN (†).
« Le 22-9-1953, Eduard VROMAN. ouvrier à la S.N.C.B., âgé de 40 ans, domicilié à Lierre, est brûlé au visage en sauvant la vie à un soldat anglais qui se trouvait dans un wagon en flammes. »
J. GROVEN (actuellement signaleur).
« Le 28-4-1953, Jean GROVEN signaleur à la S.N.C.B., âgé de 31 ans, aperçoit en gare du Quartier Léopold un ouvrier grièvement blessé qui s’affaisse sur la voie ferrée où allait arriver l’express de Bâle. Sautant spontanément d’une hauteur de cinq mètres, de la cabine de signalisation au sol, GROVEN réussit à traîner le blessé hors des rails et à éviter de justesse la locomotive qui approchait. »
Source : Le Rail, septembre 1956