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Transports et communication : I.V.A. Munich 1965

S. Boulanger, ingénieur en chef.

mercredi 10 décembre 2014, par rixke

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 Origine et but de cette manifestation.

C’est le 25 juin qu’a été inaugurée, dans la capitale bavaroise, l’Exposition internationale des Transports et des Communications (Internationale Verkehrausstellung, par abréviation I.V.A.). Elle restera ouverte jusqu’au 3 octobre prochain.

Déjà en 1925 et en 1953, Munich avait été le siège d’expositions nationales allemandes consacrées au même objet, qui connurent un grand succès.

Le développement spectaculaire pris au cours de ces dernières années par les transports et les communications et l’évolution particulièrement rapide de la technique en la matière incitèrent les organisateurs à renouveler une telle manifestation bien avant le délai de 25 ans qui avait d’abord été prévu. De plus, comme la nécessité en avait été reconnue dès 1953, il fut décidé de lui conférer un caractère international aussi large que possible.

Ainsi l’exposition de 1965 est considérablement élargie par rapport aux deux précédentes, tant par son étendue que par ses participations. En fait, elle constitue la première du genre, homologuée par le Bureau international des Expositions (B.I.E.) à Paris. Elle donne au public une vue complète des progrès récents réalisés dans les transports et les communications, dont l’évolution exerce de si profondes répercussions sur notre vie quotidienne. Elle s’efforce aussi, dans chacun des secteurs de ce vaste domaine, de mettre en lumière les problèmes qui s’y posent et d’y proposer des solutions, ainsi que d’évoquer les perspectives d’avenir.

 Aperçu d’ensemble

L’exposition couvre, au total, une superficie d’environ 50 hectares, à proximité du centre de la ville. Elle compte plus de 30 pavillons ou halls, et une dizaine de terrains de plein air. Toutefois, il ne s’agit pas, comme à l’Exposition de Bruxelles en 1958, de pavillons représentant les pays participants. En effet, chacun des halls ou des terrains est ici consacré à un thème déterminé.

Citons tout d’abord ceux où sont largement présentés, sous tous leurs aspects, les grands modes de transport qui se partagent le trafic :

  • le rail : chemins de fer, transports urbains, transports en montagne ;
  • la route : véhicules, circulation urbaine et rurale, sécurité et éducation des usagers ;
  • la voie d’eau : navigation intérieure et trafic maritime ;
  • l’aéronautique.

Au premier plan de l’actualité se place le secteur consacré à l’astronautique et à l’étude de l’espace, avec notamment une maquette représentant une future station spatiale.

Le secteur des communications intellectuelles est aussi très important. Les dernières nouveautés techniques dans le domaine de l’automatisation du service des postes et dans celui des télécommunications y sont présentées par plusieurs pays. Un hall spécial est réservé à la radiodiffusion et à la télévision ; un autre, aux maisons d’éditions spécialisées et aux revues techniques.

Enfin une série de pavillons sont consacrés aux sujets ci-après :

  • les sources et la distribution de l’énergie, y compris une exposition spéciale du forum atomique ;
  • le tourisme, avec le concours de 23 pays de 4 continents ;
  • les applications des matériaux de base dans les communications : fer et acier, aluminium, matières plastiques.

Grâce à sa haute tenue scientifique et à la valeur des démonstrations faites dans différentes sections, l’exposition est d’un grand intérêt pour les techniciens avertis. Par ailleurs, le caractère attrayant de cette manifestation n’a pas été négligé. Sans oublier le parc forestier qui l’agrémente d’une note de verdure et de fraîcheur, citons, dans cet ordre d’idées : le téléphérique, le « minirail » qui, à l’instar de ce qui a été réalisé à l’Exposition nationale suisse à Lausanne en 1964, permet une visite rapide et commode et, surtout, la tour de 100 mètres de hauteur, symbole de l’I.V.A. L’ascenseur circulaire à deux étages qui l’entoure en atteint le sommet en tournant lentement sur lui-même, offrant une vue magnifique sur l’exposition, la ville de Munich et la chaîne des Alpes bavaroises. Au pied de la tour est aménagé un vaste terrain d’attractions spéciales pour la jeunesse.

 Le lecteur des chemins de fer

Les chemins de fer tiennent une place importante dans l’exposition. Ce secteur occupe principalement les halls couverts n° 16 et 18, d’une superficie totale de près de 10.000 m2, et le vaste terrain de plein air E, équipé de 3.500 mètres de voie.

Le hall n° 16 est entièrement occupé par les chemins de fer fédéraux allemands (Deutsche Bundesbahn). Ceux-ci y présentent un vaste panorama des techniques utilisées dans les différentes branches de l’activité ferroviaire avec, comme attraction spéciale : l’ « illusion de voyage », un montage nouveau où interviennent le cinéma et la musique électronique ; le poste d’information électronique pour les voyageurs ; le chemin de fer miniature le plus moderne comportant 550 mètres de voie, sur lequel peuvent rouler simultanément jusqu’à 30 trains avec 400 véhicules.

Le hall n° 18, consacré aux « chemins de fer dans le monde — aujourd’hui et demain » abrite les stands de l’Union internationale des Chemins de fer (U.I.C.), du Bureau international des Containers (B.I.C.), des pays étrangers et de l’industrie ferroviaire en général. Les thèmes ci-après sont spécialement illustrés : la collaboration internationale — la cybernétique et l’automatisation — l’attelage automatique — la chaîne des transports — les grandes vitesses — le trafic lourd rail/route — les communications dans les régions très peuplées — les nouveaux moyens de traction — la construction des véhicules et de leurs équipements.

Enfin, sur le terrain de plein air E est rassemblée une collection complète de véhicules ferroviaires des types les plus modernes ainsi que des machines destinées à la construction des voies.

Deux attractions particulières y attendent le public : une grande locomotive diesel de manœuvre téléguidée par radio et une locomotive diesel-hydraulique de ligne qui peut être manœuvrée par le visiteur.

Cet ensemble est complété notamment par un pavillon d’informations, une salle de cinéma de 120 places, deux restaurants ainsi que par une attraction qui eut déjà beaucoup de succès à Lausanne en 1964 : le « Circarama », installé par les Chemins de fer fédéraux suisses (C.F.F.). Il s’agit d’une vaste salle circulaire de 800 m2 de superficie et de 15 m. de hauteur, à l’intérieur de laquelle 1.500 spectateurs peuvent, toutes les 30 minutes, assister à la projection, sous un angle de 360°, d’un film magnifique sur la Suisse et ses chemins de fer.

A l’occasion de l’exposition, la Deutsche Bundesbahn met en marche journellement, pour la première fois en Europe, un train accessible au public roulant à la vitesse de 200 km.-heure sur le parcours Munich - Augsbourg, lequel est effectué en 26 minutes environ. Le départ et l’arrivée de ce train se font à un quai spécial attenant au parc de l’exposition.

Dans l’ensemble, cette vaste participation des chemins de fer témoigne de l’énorme effort de modernisation qu’ils ont déjà accompli. Mais elle met aussi en évidence l’importante évolution qu’ils connaîtront dans l’avenir, en utilisant les ressources de la science et de la technique moderne, et elle prouve que, malgré les changements de structure du trafic, ils ne se laissent pas distancer par les autres modes de transport.

 La participation belge

C’est à M. Malderez, secrétaire général honoraire au ministère des Communications, que le Gouvernement belge a confié les fonctions de commissaire général pour la Belgique. Notre pays est représenté dans un grand nombre de groupes : chemins de fer, transports urbains, circulation routière, transports fluviaux et maritimes, aéronautique, postes, télécommunications, tourisme.

Réalisée avec le concours du secteur public et du secteur privé, la participation belge occupe, au total, une superficie de 5.750 m2. Elle témoigne de la haute valeur de nos techniciens, de la qualité de notre industrie nationale et de la volonté de notre pays de continuer à tenir, au centre de l’Europe de demain, le rôle prépondérant qu’il a toujours joué dans le passé en matière de transports et de communications. Elle a pour thème général « Belgique - carrefour de l’Europe ». L’emblème figurant à la fin de cet article symbolise cette idée, et les visiteurs le rencontrent dans chaque section ou la Belgique est présente.

La participation belge dans le secteur des chemins de fer a été acquise avec le concours de la S.N.C.B., des constructeurs de matériel roulant et de l’industrie spécialisée dans la fabrication d’appareils ferroviaires.

En Jaune : la partie réservée aux transports ferroviaires.

Sur le terrain de plein air E sont exposés des engins moteurs et des véhicules remorqués de conception récente, construits dans les usines belges et appartenant à des séries fournies à la S.N.C.B., à savoir :

  • une locomotive électrique B’B’ de 3.200 chevaux (type 126), à bogies monomoteurs, conçue spécialement en vue d’améliorer les qualités d’adhérence ;
  • une locomotive diesel-électrique BôBô de 1.400 chevaux (type 210), équipée d’une transmission dont la régulation est entièrement transistorisée ;
  • un élément d’automotrice double série 1963 (voiture de 1re et 2e classes) ;
  • un voiture à couloir central en acier inoxydable, appartenant aux rames à traction par locomotives polycourant qui assurent, depuis 1964, les services TEE sur la ligne Paris - Bruxelles - Amsterdam ;
  • deux wagons spéciaux à deux essieux : l’un à déchargement pneumatique, destiné au transport de produits pulvérulents ; l’autre, à déchargement bilatéral automatique par gravité, conçu pour le transport de schlamm.

A ces six véhicules s’ajoute encore un locotracteur industriel diesel-hydraulique de 320 chevaux, équipé d’un système de télécommande par radio et de régulation électronique de vitesse lente.

Emblème de la participation belge.

Dans le hall n° 18, une dizaine de firmes belges présentent, sur un emplacement de 75 m2, des organes divers offrant un intérêt particulier du point de vue de la technique ferroviaire, soit dans le domaine des installations fixes, soit dans celui du matériel roulant. Citons entre autres une maquette animée illustrant le fonctionnement du système d’arrêt automatique et de contrôle permanent de la marche des trains, conçu par les ACEC et actuellement à l’essai sur notre réseau, ainsi qu’un moteur diesel Cockerill-Ougrée pour locomotive, dévelopant 1.400 ch. à 1.000 t./min. et fonctionnant selon le cycle à 4 temps, hautement suralimenté, avec refroidissement intermédiaire.


Source : Le Rail, juillet 1965