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Dans un premier article [1] sur l’évolution des « bâtiments des voyageurs », nous avons montré comment la transformation progressive de l’exploitation ferroviaire a influencé la conception de ces édifices, selon la tendance de l’architecture contemporaine que les spécialistes appellent « fonctionnelle ».
Cette fois, nous allons examiner l’apport « externe » tel qu’il se révèle, d’une façon ou d’une autre, dans toute œuvre architecturale, ne fût-ce que par la position adoptée vis-à-vis de ce qui touche à l’ »Art » et des innovations que les fabricants lancent sur le marché.
Toute définition du « sens artistique » est subjective et, quand il s’agit d’art moderne, on est, la plupart du temps, soit complètement pour, soit complètement contre. Comment faire pour contenter le plus de monde possible ? On peut craindre que l’avant-garde d’aujourd’hui soit dépassée dans dix ans. On peut espérer, en revanche, que les conceptions qui s’inspirent du « caractère régional » restent appréciées plus longtemps. En fait, la S.N.C.B. a tenu compte des souhaits exprimés par les autorités locales. Chacun a été servi d’après ses propres goûts, et c’est ainsi que d’anciennes villes d’art — où, il est vrai, le bâtiment devait être édifié en dehors du centre — ont une gare d’aspect moderne parce qu’elles en ont exprimé le désir.
Depuis quelque temps déjà, les matériaux classiques de construction cèdent souvent le pas aux nouveaux venus, telle la pierre artificielle, matériau récent à ne pas confondre avec l’imitation de pierre naturelle, que les architectes en général n’apprécient guère. De plus, en façade, on voit apparaître la vogue de la menuiserie en aluminium et des panneaux isolants, composés de doubles vitres transparentes et de « sandwiches » opaques, qui dissimulent les radiateurs et les charpentes en béton. Pour les gourmands, un sandwich évoque un « petit pain fourré » ; dans le bâtiment, il s’agit d’un élément composé d’un matériau isolant contenu dans des couches extérieures, dont la matière et la couleur varient à l’infini : verre émaillé, aluminium, asbeste-ciment, polyester, films plastiques et même de la tôle. Le plus souvent, l’épaisseur est de 3 à 4 cm, de sorte que chaque élément peut être fixé de la même manière qu’une vitre.
Le béton se rajeunit ; la préfabrication est à l’ordre du jour et, sur le chantier, on ose même aujourd’hui laisser à nu, tel qu’il sort du coffrage, du béton de composition spécialement étudiée (ciment blanc, sable et silex choisis), auquel on applique parfois dans la suite un léger traitement de parachèvement.
Les toitures translucides et les dômes en matières plastiques, qui ont leurs partisans, remplacent de plus en plus les toitures en verre, si fragiles et si difficiles à rendre étanches.
L’intérieur des bâtiments évolue aussi : on revêt les plafonds de plaques perforées — ces éléments diminuent la résonance et, partant, améliorent l’acoustique — et on recouvre les murs de toile plastique, de matériaux émaillés ou même de lambris métalliques.
Que dire des couleurs sur les parois, les plafonds et les menuiseries ? La peinture a vécu sa petite révolution. Peu à peu, celle-ci s’apaise, et au carnaval des couleurs vives succède de nouveau la « symphonie » des tons. Comme on repeint une fois tous les cinq ans, il est plus facile, en ce domaine, de suivre l’évolution du goût.
Ami lecteur, nous n’avons pas tout dit, mais, pour le moment, cela peut suffire. Une prochaine fois, nous ajouterons quelques considérations sur l’influence de la technique.
De notre album 1952-1962, voici une série de reproductions, cette fois de bâtiments de « moyenne » grandeur, dont quelques-uns tout récents.