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J’étais machiniste
M. Scaillet.
mercredi 13 novembre 2019, par
Voici une histoire d’amour ! L’amour d’un homme pour son métier de machiniste. Une passion tellement forte que l’on est disposé à tout pour faire partager ses sentiments. Quand il m’a contacté pour la première fois, Monsieur Scaillet a déclaré : « Voyez-vous, j’ai tellement de choses à dire sur mon ancien métier que j’aimerais en faire un livre pour que les générations qui suivent sachent ce qu’était l’univers fabuleux de la vapeur. Non pas d’un point de vue technique à la façon des ingénieurs, mais comme simple servant que j’étais d’une de ces drôles de machines ».
L’homme était tellement convaincant, tellement modeste et humble par rapport à la richesse de son passé professionnel, que je ne pus que l’encourager à réaliser son rêve, malgré tous les obstacles qu’il faut surmonter pour « sortir un livre ».
Et lorsqu’il est venu m’apporter un exemplaire de l’ouvrage que les éditions GTF ont accepté de publier, je dois avouer que j’ai eu un petit pincement au cœur.
Lui, c’est à peine si une pointe de fierté l’habitait. Non, c’était la joie simple, une fois encore, d’un devoir bien accompli.
Qu’il est émouvant ce livre ! Il est le reflet de sentiments sincères.
Certes, direz-vous, on a déjà beaucoup évoqué la vapeur. Peu d’ouvrages cependant ont été écrits par les gens de terrain, ces chauffeurs et machinistes, qui ont montré sa puissance et domestiqué sa force.
Ici, c’est l’histoire d’une génération d’artisans, soucieux d’accomplir un bel ouvrage, qui est évoquée. Une histoire qui se termine avec l’avènement du règne absolu de l’électricité.
C’est aussi la vie d’un dépôt, quelque part dans cette bouillonnante région du Centre, quand le feu des hauts-fourneaux, la confection et les mines de charbon faisaient vivre une population qui puisait sa dignité dans le travail.
C’est enfin l’évocation de lignes – souvent disparues – du temps où le chemin de fer était présent partout.
Et, pour nous les cheminots d’aujourd’hui confrontés notamment aux défis du TGV, il est bon de savoir que si le métier a toujours été difficile, il n’a jamais perdu ses lettres de noblesse.
Merci Monsieur Scaillet pour cette belle leçon d’histoire.
Source : Le Rail, Novembre 1994
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