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Anvers, le rail investit pour mieux servir
L. Gillieaux.
vendredi 22 avril 2022, par
Deuxième grande agglomération du pays, Anvers est aussi un port de mer de premier rang mondial de même qu’un nœud ferroviaire essentiel tant pour le trafic voyageurs que marchandises.
Cependant les installations ferroviaires actuelles ne permettent plus de répondre aux attentes des clients, d’autant plus que la vie économique évolue sans cesse et entraine de nouveaux besoins. C’est pourquoi notre entreprise a décidé de nombreux investissements dans la région.
Anvers et le rail
Si la ville compte près de 470 000 habitants, son agglomération rassemble quelque 900 000 personnes. Il s’y déploie une intense activité industrielle et économique qui touche à de très nombreux secteurs : pétrochimie et chimie, montage automobile, industries alimentaires, manutention, transport de denrées et produits de toutes sortes, commerce et industrie du diamant, etc. Le port, lui, est un des tout premiers du monde. S’étendant sur plus de 13 000 hectares, il compte 127 km de quais et 1 400 ha de bassins permettant d’accueillir de très gros navires de haute mer. En concurrence avec Rotterdam, il traite plus de 100 millions de tonnes de marchandises chaque année.
Le rail, le port et la ville
On a souvent dit qu’Anvers était le premier port ferroviaire du monde. De fait, celui-ci compte près de 950 km de voies desservant de nombreux magasins et entrepôts. En outre, la gare portuaire est aussi la destination finale d’une douzaine de lignes ferroviaires internationales. Cela engendre un trafic de plus d’une centaine de trains de marchandises par jour et par sens, ainsi que le traitement, en moyenne annuelle, de plus de 650 000 wagons dans les installations portuaires.
Anvers est encore le nœud d’un trafic ferroviaire intense pour les voyageurs tant en service intérieur qu’international : des TGV s’arrêtent maintenant à Anvers-Central ou à Berchem-Anvers. La gestion de tels trafics qui ne cessent de croître pour nombre de secteurs pose cependant de délicats problèmes dus au fait notamment qu’Anvers-central est une gare en cul-de-sac et que l’acheminement quasi continu des divers trains de marchandises vers le port est proche de la saturation.
Une jonction nord-sud souterraine
La gare d’Anvers-Central est incontestablement une des plus belles d’Europe. Construite au tournant du siècle, l’édifice majestueux avait subi les outrages du temps et de la pollution qui marque notre société moderne. Ces dernières années, les façades intérieures et extérieures du grand bâtiment supportant la coupole ont fait l’objet d’une remarquable restauration, qui leur a rendu leur lustre original. La grande verrière surplombant les quais est actuellement en phase de reconstruction et les arches métalliques la supportant sont en même temps remplacées.
Cette opération, pour indispensable qu’elle soit afin de préserver ce magnifique bâtiment classé, ne suffit pas à résoudre le problème du nécessaire accroissement de capacité des installations voyageurs (25 000 par jour en semaine). Sa configuration en cul-de-sac empêche en effet les circulations en transit, impose systématiquement des rebroussements engendrant de nombreuses manœuvres de service (retrait et mise à quai de rames) qui réduisent sa capacité commerciale, par rapport à un total de quelque 600 mouvements par jour !
Pour accroître directement ou par correspondances les relations entre les quartiers du nord de la ville avec les zones situées au sud (vers Berchem et Malines), au sud-est (vers Lierre, Aerschot, Herentals et Turnhout) ainsi qu’à l’ouest (vers Boom et Saint-Nicolas), il faut intensifier l’utilisation de la ligne 12, en direction d’Essen et de Roosendaal. Ce nouvel axe de circulation constituerait l’embryon d’un véritable RER dans la région. Sans parler du trafic international qui compte, en plus des IC A Bruxelles-Amsterdam, des Thalys qui bénéficieront aussi, dans quelques années, d’infrastructures nouvelles adaptées à la grande vitesse vers les Pays-Bas.
Une gare à plusieurs niveaux et un tunnel
Ces perspectives ont conduit les responsables à transformer Anvers-Central en une gare de passage grâce à un remaniement fondamental de celle-ci. À l’issue des travaux, la gare projetée se répartira sur plusieurs niveaux et sera prolongée à l’extrémité nord de son niveau inférieur par un tunnel sous la ville. Celui-ci rejoindra la ligne 12 vers le nord et les Pays-Bas à hauteur de la halte actuelle d’Anvers-Dam.
Comme l’indiquent les représentations visuelles du projet, le plateau des voies actuelles d’Anvers-Central sera en quelque sorte évidé en son centre, qui constituera un puits de lumière pour les étages inférieurs. De ce fait, le niveau supérieur ne comportera plus que six voies (toujours en cul-de-sac) au lieu de 10. Sous celui-ci, au niveau de la voirie, se trouvera une vaste zone d’échanges et de services à la clientèle et au public. Un premier niveau inférieur (à moins 7 mètres) comportera 4 voies, elles aussi en cul-de-sac. Plus bas encore, à moins 18 mètres, se trouvera un deuxième niveau inférieur, comportant quatre voies. À leur extrémité nord, celles-ci se rejoindront deux par deux pour entrer dans les deux tunnels jumeaux rejoignant le nord de l’agglomération. Ces tunnels passeront sous l’« Astridplein », située devant la gare. Le projet envisage, d’une part, son réaménagement pour y privilégier le trafic lent, dont celui des piétons et, d’autre part, la construction d’un parking sous la place, au-dessus des tunnels.
En direction de Berchem, les quais seront allongés sur les différents niveaux, pour que la gare puisse accueillir les trains dans leur plus grande composition prévue (jusqu’à 400 mètres au niveau inférieur, entre autres pour les TGV composés de deux rames accouplées). De ce fait, selon les plans, un second accès à la gare pourra être aménagé à son extrémité sud, à hauteur de la « Ploegstraat » et de la « Kievitplein ». Un autre parking est en outre projeté à cet endroit. Après la zone des quais, les voies se ramifieront aussi en sous-sol pour remonter ensuite en tranchée entre les autres voies, jusqu’au niveau actuel, atteint peu avant la gare de Berchem.
À l’avenir, la gare d’Anvers-Central comportera donc 14 voies, dont 4 en passage. Les études ont tenu compte de la nécessité de respecter l’architecture actuelle du complexe ainsi que celle du viaduc d’approche de la gare (les « Centers »), dont l’aspect extérieur restera intact. Les déplacements des voyageurs dans la gare ainsi que les liaisons avec les autres modes de transport (métro, tramways, voitures pour la dépose rapide et circulation piétonne) sont eux aussi étudiés très attentivement.
Bien que les travaux à entreprendre soient d’une très grande ampleur, la desserte de la gare sera maintenue en permanence – ce qui constitue une véritable prouesse technique – mais sensiblement réduite toutefois pendant la durée des aménagements qui s’échelonneront, par phases, de 1998 à 2005. Cette situation imposera dès lors, pour environ 30 % des voyageurs, des changements de trains à Berchem.
Le résultat sera cependant à la hauteur des sacrifices consentis provisoirement. Par ailleurs, le projet envisage encore la construction d’une nouvelle gare au nord de l’agglomération, sur la ligne 12, un peu au-delà d’Anvers Dam, au lieu-dit « Groenendaallaan », (près de Luchtbal). Cette gare sera un nœud de correspondances avec les autres modes de transport.
La modernisation et l’agrandissement de la gare de Berchem sont également prévus et la place devrait aussi profiter d’une cure de jouvence.
Source : Le Rail, avril 1997