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Au rayon de l’insolite

R. Danloy.

vendredi 25 novembre 2022, par Rixke

Le rail en tête

Halanzy est une jolie localité de l’extrême sud du pays, entre Arlon et Virton.

C’est toujours la Belgique, se dit-on, mais cela n’empêche pas qu’il y sent bon une France toute proche. Le grand-duché n’est pas très loin non plus et il n’est donc pas étonnant que les brassages entre les ressortissants des trois nations soient si courants.

Située sur le tronçon Virton-Arlon de la ligne 165, la gare a été fermée au trafic voyageurs en 1984, laissant la place aux regrets pour beaucoup, qu’ils soient cheminots ou non.

Cette fermeture a été pour deux de nos collègues le point de départ d’une « aventure » qui se poursuit encore aujourd’hui. En effet, en 1985, à l’occasion du 150e anniversaire du chemin de fer en Belgique, Michel Ambroise et José Ongena – le dernier chef de gare de Halanzy – décidaient de monter une exposition de cartes postales et de photographies à l’hôtel de ville. Et, cette même année, leur venait l’idée de créer une association de fait qu’ils appelaient « Les amis du rail de Halanzy » (ARH)...

Peu à peu, de nouveaux membres rejoignirent les rangs. À l’heure actuelle, ils sont vingt-cinq, dont trois cheminots : les deux pionniers dont nous avons déjà cité le nom et Jean Perleau, un Halanzinois... directeur du secteur « Engineering » au sein de la SA Tuc-Rail ! Parmi eux nombre de Belges, certes, mais aussi des Français, des Grands-Ducaux et un Allemand, ce qui prouve une fois de plus que le rail fut et demeure le premier ciment de l’Europe.

Au fil du temps, ils ont ainsi réuni une collection d’archives, de photos et de cartes postales ferroviaires puis, dès 1992, ils ont commencé à construire des réseaux de modèles réduits afin de participer à de multiples expositions.

Jusqu’en 1994, comme nous l’expliquait le président des « Amis du rail de Halanzy », l’association utilisait un local communal pour ses réunions. Puis, le jour vint où il ne fut plus disponible.

Dès lors, il fallut déménager et l’on décida de louer trois pièces à l’étage de la gare. Celles-ci étaient dans un état de délabrement désastreux mais, grâce à l’aide du personnel ouvrier de la commune, elles furent replâtrées, repeintes, retapissées et l’on remplaça l’installation électrique.

Dans un environnement nettement plus confortable – même si ce n’est pas encore le Pérou –, les séances de montage de réseaux ont lieu deux fois par mois et le comité y tient ses assises au rythme mensuel.

Si le patrimoine de l’association comporte notamment une reproduction à l’échelle H0 de l’autorail 4318 – qui effectua le dernier parcours voyageurs le 2 juin 1984 – ou encore cette splendide reproduction de la gare de Halanzy (échelle 1:20°) – laquelle valut au club un prix à l’exposition « Euromodelbouw » de Genk en 1993 –, il faut savoir que tout un chacun se charge de constituer également une collection personnelle.

Par exemple, Michel Ambroise possède actuellement 35 képis et casquettes masculins ainsi qu’une coiffe féminine de la SNCB mais encore quelques « couvre-chefs » allemands, français, grands-ducaux et néerlandais. Un autre membre rassemble les cartes postales, un troisième affectionne les cravates, un quatrième préfère les épinglettes et il en est même un qui s’intéresse aux disques de queue, qu’ils soient belges, suisses, français ou allemands !

Comment les « Amis du rail de Halanzy » joignent-ils les deux bouts ? D’abord grâce aux expositions auxquelles ils participent et à celle qu’ils organisent tous les deux ans, car elles permettent de vendre des modèles réduits et même des réseaux, ceux-ci étant renouvelés après quelques présentations. De plus, l’association propose des cartes postales et des épinglettes absolument superbes dont l’une représente le dernier arrêt du « 4318 » à Halanzy et l’autre – émise en collaboration avec le comité des fêtes du lieu – la gare de St-Vincent-Bellefontaine.

Les temps sont toutefois difficiles, avoue Michel Ambroise qui se chargerait d’ailleurs bien volontiers de repeindre la façade de la station s’il trouvait une personne généreuse acceptant de lui fournir de la peinture à titre gracieux.

Mais il n’est pas que les soucis d’argent car la nostalgie est omniprésente. Ceci explique que les sociétaires de l’ARH se soient attelés à construire à l’échelle H0 le « réseau halanzinois », en reproduisant les bâtiments de la gare, les voies et les diverses installations. L’ensemble sera particulièrement imposant puisqu’il ne mesurera pas moins de 7,8 mètres de long !

Cependant, le geste le plus spectaculaire posé par le groupement réside sans aucun doute dans l’acquisition de l’autorail 4304. Celui-ci est actuellement abrité dans la remise de Bertrix et il reste à effectuer quelques travaux de restauration dont Michel Ambroise estime la durée à trois semaines, l’idéal étant de les réaliser à Stockem. À côté de la gare sont stockés des traverses en bois et deux rails de 27 mètres. Ce matériel sera assemblé sur un bout de terrain préalablement nivelé lorsque cette parcelle jouxtant le bâtiment sera utilisable. Ensuite le « 4304 » sera acheminé à Halanzy pour être définitivement immobilisé sur ce mini-tronçon de voie où il terminera sa carrière comme « monument, objet du souvenir ». Notre collègue espère que ce sera pour le printemps prochain.

En attendant, il caresse l’espoir qu’un jour peut-être les trains s’arrêteront à nouveau...

Des rêveurs, les « Amis du rail de Halanzy » ? Non point. Seulement de vrais passionnés du chemin de fer qui ne connaissent pas de frontières. La preuve : c’est un routier luxembourgeois qui se charge de la rédaction de « Salle d’attente », la revue de l’association... éditée en trois langues (français, néerlandais et allemand) et distribuée quatre fois par an à cinq cents abonnés !

Des sapins plus... naturels

Construire des décors pour des réseaux de modèles réduits, c’est aussi l’univers de la débrouille avec son cortège de petits trucs. Michel Ambroise nous en a révélé un pour fabriquer des sapins « maison », car au plaisir de les faire soi-même s’ajoute la satisfaction d’en créer qui soient tous différents les uns des autres, ceci permettant de constituer une forêt bien plus naturelle qu’avec ceux achetés dans le commerce.

Il faut donc prendre un fil de fer que l’on plie en deux. Entre les deux parties ainsi obtenues, on insère des poils de brosse que l’on dispose parallèlement. On fait ensuite, à la base, une petite boucle que l’on introduira dans un crochet serré (à la place d’un foret) dans le mandrin d’une chignole. Après avoir immobilisé l’autre extrémité du fil de fer dans un étau, il suffira alors d’actionner lentement la chignole, ce qui aura pour effet de torsader le fil de fer. L’opération suivante consistera à donner la forme désirée aux « branches » du sapin à l’aide de ciseaux en taillant les poils de brosse. Il restera enfin à tremper ceux-ci dans de la colle à bois mêlée d’un peu d’eau puis dans de la poudre verte que l’on se sera procurée dans un magasin de modélisme.

Le résultat est garanti !

Source : Le Rail, novembre 1997