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La reconstruction des remises aux locomotives de la S.N.C.B.

H. Lenfant, Ingénieur principal à la S.N.C.B. Direction de la Voie.

lundi 7 septembre 2009, par rixke

 Remise de Jemelle

Nous terminons cette notice sur la reconstruction des remises par quelques détails sur les travaux de renouvellement de la superstructure de la remise de Jemelle. Ce n’est pas par suite de faits de guerre, mais bien par vétusté que ce renouvellement dut être exécuté.

Fig. 55

L’ancienne remise était couverte par des combles à charpentes métalliques de 16 m. 80 de portée, perpendiculaires aux voies. On distingue à l’extrémité de la façade longitudinale, fig. 55, les pignons limitant des combles semblables, couvrant l’atelier de réparation qui fait suite à la remise.

La remise de Jemelle qui ne comprend que six voies de 70 mètres de long, assure un service très important tant pour le trafic des voyageurs que pour celui des marchandises. Il fallait entraver le moins possible l’utilisation des six voies pendant l’exécution des travaux.

Les services d’étude de la Société hésitaient sur la solution à adopter. D’une part, le choix d’une superstructure en acier pose des problèmes d’entretien onéreux et assujettissants. D’autre part, l’exécution d’une construction en béton armé sur coffrage imposait des entraves plus importantes au fonctionnement de la remise. L’emploi de charpente en alliage d’aluminium était envisagé lorsque des suggestions furent faites tendant à la réalisation d’une superstructure en béton précontraint.

L’étude fut faite par M. Bartholomé, du bureau d’études des ingénieurs conseils David et Bartholomé. Les entreprises Garnier furent déclarées adjudicataires des travaux.

D’accord avec les services de la traction, l’exécution devait se faire en deux phases, de façon à laisser toujours en service trois des six voies.

Sur la fig. 55, les trois voies de gauche sont déjà couvertes et mises en service. Les travaux sont en cours sur les trois voies de droite.

Les poutres en béton précontraint furent exécutées par la firme Blaton Aubert, de Bruxelles, sur son chantier de Machelen et acheminées par rail jusque Jemelle. Notons que les poutres principales perpendiculaires aux voies portent sur deux appuis (mur et poteau distant de 10 m. 62) et présentent un porte à faux de 4 m. 50 au delà du poteau. Elles pèsent 13.000 kilos et sont au nombre de six.

Fig. 56

La fig. 56 montre, perpendiculairement aux voies, des poutres de ce type, reposant à gauche sur le mur, à droite sur la colonne en béton armé. On procède à la mise en place d’une poutre secondaire de 16 m. 86, pesant 6.300 kilos ; quarante-huit poutres semblables furent utilisées.

On voit les wagons sur lesquels reposent les poutres avant d’être levées et mises en place au moyen d’une grue. On distingue sur la gauche de la photo, la partie de la remise déjà terminée et mise en service.

Fig. 57

La fig. 57 montre une poutre secondaire, amarrée à sa poutre métallique de levage, les points d’attache de la poutre en béton sont pris aux extrémités, afin de faire travailler le béton sensiblement dans les conditions où il travaillera lorsque la poutre reposera sur ses appuis.

Fig. 58

La fig. 58 montre la même poutre arrivée au niveau de ses appuis sur une poutre principale à gauche et sur la poutre linteau de la façade d’entrée, à droite.

Fig. 59

Sur le quadrillage formé par les poutres principales et secondaires, furent placées des pièces en béton armé ordinaire, non précontraint, préfabriquées sur le chantier. On peut distinguer les pièces juxtaposées au-dessus du couloir de fumée de la fig. 59. Au moment de la prise de cette photo, le lanterneau n’était pas encore placé.

Fig. 60

La fig. 60 a été prise après l’achèvement du lanterneau et la fig. 61 donne une vue extérieure du lanterneau tel qu’il se présente après achèvement.

Fig. 61

Une partie des lanterneaux a été réalisée sur profil en aluminium du type Chamebel, l’autre partie sur profil Eclipse (profil en acier complètement revêtu de plomb) des laminoirs de Longtain.

Grâce à la bonne collaboration entre tous ceux qui participèrent à l’exécution des travaux, le renouvellement de la superstructure de la remise de Jemelle s’est effectué avec le minimum d’entraves pour le service de la traction.

Nous pouvons retenir de cette expérience que l’emploi de poutres en béton précontraint bétonnées sur un chantier éloigné de l’endroit où doit se faire la mise en œuvre, ne présente pas beaucoup de plus de difficultés que l’emploi de charpentes métalliques. Les fig. 56, 57 et 58 le prouvent à l’évidence.

Les notes qui précèdent montrent que les services de la Société ont tiré parti de toutes les méthodes de construction et de réalisation que la technique moderne mettait à leur disposition immédiatement après les hostilités.