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Deuxième période, 1853-1863 - Régime expérimental

Phil Dambly.

mercredi 4 août 2010, par rixke

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Si nous retrouvons au cours de ces dix années le type de machine à roues libres, du moins celui-ci aura-t-il subi plusieurs transformations. On remarque notamment l’augmentation du diamètre des roues motrices.

De 1853 à 1857, la Société Saint-Léonard construit encore huit locomotives 2-2-2 très élégantes, à roues de 1,80 m, destinées au service des trains de voyageurs. Contrairement à la pratique usuelle de l’époque, les cylindres sont disposés à l’extérieur.

Locomotive « système Walschaerts »
Après mise au point, la coulisse de Walschaerts fut appliquée pour la première fois aux locomotives de ce type, construites par l’Arsenal de Malines en 1854.

L’année 1854 voit l’introduction, par l’Arsenal de Malines, d’un modèle de locomotive 2-2-2 à roues de 1,85 m. Cockerill construit des machines similaires en 1855, mais à roues de 1,80 m et dotées de foyers plus grands. C’est sur ces machines qu’on introduisit la distribution Walschaerts définitive. Avant la première guerre mondiale, on pouvait examiner, dans les archives du ministère des Chemins de fer, un vieux dessin datant de 1854 et qui portait l’inscription suivante : Chemins de fer de l’Etat belge. Locomotive à voyageurs « Système Walschaerts ».

98
Locomotive n° 98 de 18S4, dite du « Système Walschaerts », tendérisée en 1867 et devenue type 9 en 1876.

Ces machines 2-2-2 ont été transformées en locomotives-tender de 1867 à 1871. Celles qui étaient dotées d’un grand foyer devinrent le type 8 à partir de 1876 ; les autres, le type 9. Les transformations, effectuées à l’Arsenal de Malines, comportaient le renouvellement de la chaudière, l’adjonction de soutes latérales et l’allongement du châssis rendu nécessaire par suite de l’installation d’une soute à charbon à l’arrière. Les types 8 et 9 étaient utilisés dans les banlieues de Bruxelles et d’Anvers, dans le Hainaut et sur les lignes de la Vesdre et de l’Ourthe. Le dernier exemplaire fut réformé en 1904.

De 1856 à 1857, divers constructeurs fournirent 35 locomotives à marchandises 0-6-0. Ces machines à roues de 1,45 m ont été les premières locomotives normalisées de l’Etat belge. De 1866 à 1872, dix-huit d’entre elles furent transformées en locomotives-tender qui pesaient 37,80 t en charge. On les appela le type 52 en 1876, tandis que les machines non transformées devenaient le type 43.

Locomotive-tender type 52, résultant de la transformation, en 1866, d’un type 43 à tender séparé. On remarque Ie frein à patin entre les deux premiers essieux.

En 1856, le constructeur britannique Wilson - The Railway Foundry à Leeds - livra trois locomotives d’express à l’Etat belge. Ces machines, des 2-2-2 à roues de 1,90 m, étaient numérotées de 234 à 236. Leur silhouette rappelait un type de machine dessiné par David Joy pour le chemin de fer de Brighton et célèbre en Angleterre sous le nom de « Jenny Lind ». Le dôme était entouré d’une enveloppe cannelée en cuivre rouge, selon la pratique en vogue dans ce pays. La locomotive n° 236 portait l’appellation « La Loi du 1er Mai 1834 », donnée jadis à la machine n° 121. En 1868, l’Arsenal de Malines transforma les trois machines en locomotives-tender à deux essieux accouplés. Classées « hors type », elles assurèrent les manœuvres dans les gares de Bruxelles Nord et de Bruxelles Midi jusqu’en 1890.

Quantité de locomotives à voyageurs 2-4-0 ont été livrées de 1856 à 1862 par les constructeurs Wilson, Cockerill et Saint-Léonard, par la Société de Couillet, les Usines de Haine-Saint-Pierre et l’Arsenal de Malines. Connues sous la désignation de « Wilson », ces machines à roues de 1,85 m ne présentaient que des différences minimes : dômes, soupapes...

1860 - Essais du foyer Belpaire sur des locomotives « Wilson »

a) Locomotive n° 96 de 1856, à foyer profond ordinaire.
b) Locomotive n° 1, identique à la précédente, mois dotée d’une nouvelle chaudière à foyer Belpaire arrondi.
c) Locomotive n° 1 reconstruite avec foyer Belpaire carré et appelée type 7 à partir de 1876.

Afin d’expérimenter le foyer plat à grande surface de grille conçu par Alfred Belpaire en 1860, plusieurs essais comparatifs furent effectués sur la ligne Bruxelles-Liège entre deux locomotives de ce type, construites par Cockerill en 1856. Il s’agissait de la n° 96, à foyer profond ordinaire brûlant du coke, et de la n° 1, dotée pour la circonstance d’un foyer Belpaire arrondi, brûlant du charbon menu demi-gras. Les résultats obtenus démontrèrent nettement les avantages du foyer Belpaire. La combustion excellente du charbon menu de mauvaise qualité, abondant et ridiculement bon marché, permettait à l’Administration des chemins de fer de l’Etat d’envisager de sérieuses économies.

Toutes les locomotives « Wilson » ont alors été renouvelées à l’Arsenal de Malines pour former le type 7, à petit foyer, et le type 13, à grand foyer. Elles pesaient respectivement 31,35 et 33,81 t en ordre de marche - sans tender -, développaient 460 ch et atteignaient 70 km/h. Un certain nombre de types 7 et 13, équipés du frein Westinghouse, étaient encore en service en 1913 sur les lignes de Bruxelles à Gand et à Anvers. Ils étaient accompagnés de tenders de 9 m³, à deux essieux.

Locomotive « Wilson » de 1856, dotée ultérieurement d’un foyer Belpaire carré et appelée type 13.

Huit locomotives mixtes 0-4-2, à roues motrices de 1,45 m, ont été fournies par la Société de Couillet en 1858. Transformées en locomotives-tender en 1869, elles ont été affectées à Bruxelles à la remorque des trains de voyageurs entre les gares du Nord, de Schaerbeek et du Quartier Léopold jusqu’en 1880. Elles avaient été appelées type 53 en 1874.

Des locomotives à trois essieux accouplés à roues de 1,45 m firent leur apparition en 1862. Conçues par Belpaire, elles constituaient le prototype de la locomotive à marchandises classique de l’Etat belge. Elles se présentaient sous deux variantes, à foyer rond de petite ou de grande longueur, qui furent appelées types 30 et 33 par la suite. Les deux types pesaient respectivement 34,26 et 34,80 t en ordre de marche - sans tender - et furent utilisés jusqu’en 1911. Bon nombre d’entre eux avaient été transformés en type 28 bis par l’Arsenal de Malines.


Source : Le Rail n° 121, septembre 1966