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La gare centrale de New-York

J. P. (Liège)

lundi 5 juillet 2010, par rixke

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 Son histoire

Porte d’entrée d’un continent, l’une des plus belles et des mieux organisée d’Amérique, c’est la troisième gare construite sur cet emplacement, au cœur do New York.

La première fut inaugurée en 1871 ; reconstruite en 1898 et considérablement agrandie, elle devint bientôt une nouvelle fois insuffisante pour répondre aux exigences toujours croissantes du trafic.

Finalement, en 1903, on commença à construire la gare actuelle. A cet effet, il fallut creuser dans le plus dur des granits et extraire deux millions et quart de mètres cubes de rocher. Pendant dix ans, 400 wagons évacuèrent les déblais journellement, sans que la marche des trains s’interrompît jamais. La dernière pierre fut posée le 2 février 1913. Les travaux avaient coûté 65 millions de dollars.

 Son aspect

Le Great Central est constitué de différents éléments admirablement intégrés en un tout harmonieux.

Une route surélevée et faisant partie de la gare elle-même encercle le bâtiment principal. Le style de celui-ci rappelle celui de la Renaissance française, souligné d’une influence dorique. Le revêtement extérieur est en granit et en calcaire de l’Indiana. La façade principale représente un arc de triomphe aux proportions monumentales. Elle est surmontée d’un groupe statuaire de 19 m. de hauteur et d’une immense horloge de 4,30 m. de diamètre. Malgré le voisinage de gratte-ciel, le bâtiment donne une Impression de grandeur imposante.

La gare souterraine a deux étages, mais quels étages ! Ils ont une superficie totale de 31 hectares ; un troisième étage souterrain renferme une station électrique et des ateliers de réparation.

Le rayon des trains est au sous-sol

« ... Il faut y entrer non seulement pour prendre le train à destination de Chicago, du Canada ou du Pacifique, mais pour visiter ce palais du Départ, chef-d’œuvre d’un véritable ami de la France, l’architecte WHITNEY WARREN. Le Great Central est une gare plus élégante que Pennsylvania Station ; d’ailleurs, est-ce une gare que cette galerie de pierre polie qui s’éclaire par d’immenses arcades vitrées et où, tranquillement, circulent des voyageurs sans bagages ? Des restaurants, des bars, des pharmaciens, des coiffeurs, des libraires, des marchands de gramophones ou de cravates, il y a tout ici, sauf des trains. Aucune acre fumée, pas d’oxyde de carbone, ni cambouis ni charbon ; des couloirs, les uns pour les voyageurs de banlieue, les autres pour ceux des grandes lignes, mènent en pente douce à des boutiques brillamment éclairées... Ces trains invisibles, on finit par les découvrir enfin au sous-sol ; aucun bruit sous ces coupoles de mosaïque, aucune hâte, car tout le monde a déjà pris son billet dans les hôtels ou dans les grands magasins... »

Paul MORAND, « New York le jour et la nuit ».

 Les salles

La salle des pas perdus, qui a la hauteur d’un bâtiment de huit étages, peut contenir jusqu’à 30.000 personnes. Le plafond de cette salle représente la voûte céleste, avec les signes du zodiaque. Sur le fond bleu, des ampoules électriques scintillent comme des étoiles. Le marbre des colonnes et des dalles, la lumière pénétrant en rayons à travers d’énormes fenêtres en forme de dôme, rappellent une cathédrale. Cette ressemblance s’accentue encore à Noël et à Pâques, lorsque des haut-parleurs, dissimulés dans les murs, diffusent de la musique d’orgue.

Au-dessous de cette première salle des pas perdus, une seconde, plus petite et plus basse de plafond, est réservée aux voyageurs de banlieue.

On accède aux quais - qui se trouvent à plusieurs mètres en dessous du sol - par de larges escaliers ou par des passages venant du métro, de la rue ou des salles d’attente. La disposition de ces souterrains permet d’écouler, en un temps minimum, un grand nombre de voyageurs.

Qui fonda NEW-YORK ?

Savez-vous qu’en 1623, trente familles wallonnes, presque toutes originaires du roman pays de Brabant et du Borinage, fondèrent la première colonie organisée sur le territoire de Manhattan et que le premier gouverneur de l’île fut Pierre MINUIT, originaire d’Ohain ?

 Une petite ville

D’autres passages souterrains conduisent directement les voyageurs à 3 grands hôtels, à 20 banques, à 24 restaurants, à 200 magasins de détail, à 14.000 bureaux... où ils peuvent se rendre sans, pour ainsi dire, sortir de la gare...

En plus des guichets, des bureaux d’information, des consignes et des salles d’attente, la gare renferme vingt-deux kiosques à journaux, six échoppes de cordonniers, trois salons de coiffure pour dames et messieurs, plusieurs restaurants, des salles de jeux, deux librairies, deux pharmacies, une imprimerie, une teinturerie, une bijouterie, un cinéma, une galerie d’art et un studio de télévision, en un mot, une véritable ville. Bien entendu, la gare possède encore son département médical, sa propre police et son système de pompiers.

 Le personnel

Le personnel du Great Central comprend 3.000 agents auxquels s’ajoutent près de 300 porteurs de bagages, les fameux « red caps », que les voyageurs appellent ainsi parce qu’ils portent une sorte de képi bordé de rouge.

L’horloger de la gare doit veiller à la bonne marche de plus d’un millier de pendules et d’horloges. Il est particulièrement fier de la célèbre pendule à quatre cadrans surmontant le bureau d’information.

Le mouvement de la gare est contrôlé d’une tour souterraine de quatre étages, véritable cerveau de ce vaste complexe. C’est là que se tiennent ceux qui ont la responsabilité de diriger et de régler les entrées et les sorties des trains, plus de 500 par jour, un toutes les 20 secondes aux heures d’affluence

(Photo Gérard.)


Source : Le Rail, septembre 1956