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Grandes vitesses
jeudi 26 septembre 2024, par
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A l’invitation des Chemins de fer fédéraux autrichiens, l’Association Internationale du Congrès des Chemins de Fer (A.I.C.C.F.) a tenu, à Vienne, du 17 au 22 juin, la IXe réunion élargie de sa commission permanente.
De telles réunions permettent à l’association, dans l’intervalle des congrès pléniers qu’elle organise, de mettre en discussion des questions d’actualité, devant une assemblée comprenant des personnalités éminentes du monde ferroviaire.
La réunion de Vienne, placée sous le haut patronage du Dr h. e. Franz Jonas, Bundespräsident des Republik Osterreich, et honorée de la présence de M. I. Weiss, Bundesminister für Verkehr und verstaatlichte Unternehmungen, a revêtu une importance particulière tant pas son programme technique que par son organisation générale.
Dès 1966, en effet, en définissant le programme technique de la réunion de Vienne, les organes directeurs de l’A.I.C.C.F. portèrent leur choix sur l’ensemble des questions liées à la grande vitesse sur rail et comme, de son côté, l’Union Internationale des Chemins de fer, dont on sait que le secrétaire général est M. L. Armand, manifestait aussi un intérêt particulier pour le même sujet, les deux grandes des associations ferroviaires internationales unirent leurs efforts pour organiser à Vienne le « symposium des grandes vitesses ». Afin d’élargir le champ des discussions, il fut décidé, pour la première fois dans les annales de l’A.I.C.C.F. d’inviter à la conférence des représentants du monde universitaire et de l’industrie. Ainsi, le « symposium des grandes vitesses » réunit, sous la présidence de M. De Vos, directeur général honoraire de la S.N.C.B. et président de l’A.I.C.C.F., près de 400 participants venus de toutes les parties du monde.
Les séances techniques, placées sous la direction de M. le dr H. Geitmann, Präsident a. D. der Deutschen Bundesbahn, avaient été subdivisées en cinq sections qui examinèrent tous les aspects des grandes vitesses sur rail. Dans chacune d’elles, des experts renommés avaient accepté la charge de présenter un exposé sur les questions en discussion. Ces exposés, au nombre de 29, suscitèrent le plus grand intérêt et donnèrent lieu à des discussions très animées.
La section I examina, sous la direction de M. T. Matsudaira, Director Railway Technical Research lnstitute, Japanese National Railways, les problèmes de la traction et du matériel roulant.
La section II se préoccupa, sous la présidence de M. V. Verigo, de l’Institut de Recherches des Chemins de fer de l’U.R.S.S., des problèmes d’infrastructure et de signalisation.
Dans la section III, réunie sous la direction de M. W. F. Seifert, Asst. Dean, School of Engineering, Massachusetts Institute of Technology, U .S.A., furent étudiées les techniques dites « non conventionnelles », telles que les véhicules sur coussins d’air et les engins à moteur linéaire.
Les sections IV et V, placées respectivement sous la présidence de M. R. A. Long, Chief Planning Manager, British Railway Board et de M. A. Fioc. directeur des études générales à la S.N.C.F., avaient pour mission de discuter les problèmes économiques liés à une exploitation à grande vitesse, la première dans le cadre de l’infrastructure ferroviaire actuelle, la seconde, moyennant la réalisation d’infrastructures entièrement nouvelles.

A la fin des travaux, M. le Dr Geitmann établit une synthèse des résultats obtenus ; nous pensons intéressant d’en reproduire la conclusion :
"Il n’entrait pas dans la tâche imposée à ce symposium de conduire à des solutions parfaites pour la circulation à grande vitesse : il importait plutôt de compléter les bases, de tracer des limites, d’indiquer des buts, de laisser entrevoir des solutions et, très généralement, de mettre l’accent sur la nécessité de continuer et de renforcer les recherches et les essais. Toutes les délibérations étaient dominées par le principe que, pour avancer dans le domaine des grandes vitesses, il ne faut pas seulement considérer les possibilités techniques, mais que les considérations économiques, en particulier la place que le chemin de fer doit tenir dans l’ensemble des transports, seront finalement décisives. Quoi qu’il en soit, un système de transports bien organisé est la base de la vitalité des nations et, à ce point de vue, la circulation à grande et à très grande vitesse jouera obligatoirement un rôle de plus en plus éminent.
« Mais il faut se garder de perdre de vue le principe le plus important : à l’issue de ce symposium, on ne doit pas voir surgir des constructeurs de robots à vitesse, ni des analystes économiques unilatéraux ; il faut y retrouver l’homme vivant. L’homme vivant : non seulement l’ingénieur qui conçoit et construit, non seulement l’être biologique, mais, dans le sens philosophique le plus large, l’être doué d’esprit, qui domine en souverain la technique imaginée et réalisée par lui et l’intègre dans son effort naturel vers le bonheur, le bien-être et le renversement de tout ce qui peut l’isoler dans I’espace et, au-delà, dans l’esprit. Notre symposium a magnifiquement montré ce que l’homme et le cerveau humain sont capables de réaliser, et cela nous remet en mémoire ces paroles célèbres du mathématicien et philosophe Pascal : »L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant".
En marge des travaux techniques du « symposium », la commission permanente de l’A.I.C.C.F. se réunit à deux reprises pour examiner, comme elle le fait périodiquement, les problèmes propres à la gestion de l’organisation. A cette occasion, M. De Vos, qui présidait la commission permanente avec une haute distinction depuis 1953, résilia ses fonctions. La commission permanente, tout en conférant à M. De Vos le titre de président honoraire en hommage aux services qu’il a rendus à l’association, appela à la présidence pour lui succéder M. L. Lataire, directeur général de la S.N.C.B.
Exposition S.N.C.B. à Vienne
A l’occasion des assises de l’A.I.C.C.F., le Musée Technique de Vienne, qui comprend une section « chemin de fer », avait invité la Belgique, berceau de l’association, à présenter ses réalisations ferroviaires au public viennois. Cette exposition, intitulée « Les Chemins de fer belges de 1835 à 1968 », fut inaugurée le 5 juin en présence de représentants de la presse et de la radiotélévision. A cette occasion, M. Kepnik, directeur général des O.B.B., souligna l’apport de notre pays dans le développement du rail européen, tandis que M. Vanbergen. chef du service « Presse et Relations publiques » de la S.N.C.B., exposa les thèmes de l’exposition et remercia les hôtes autrichiens.
Ensuite, conduits par M. Sergijsels, inspecteur principal ordonnateur de l’exposition, les invités s’intéressèrent aux maquettes et documents historiques, qui avaient été envoyés par notre Musée, et purent aussi se faire une idée de la participation de la S.N.C.B. aux techniques de pointe dans les divers domaines de l’activité ferroviaire : maquettes, schémas et photos d’engins de traction, de wagons et de voitures modernes, de gares automatisées et des gares-terminus pour grands containers d’Anvers et de Zeebrugge, de bâtiments récents, d’ouvrages d’art et d’équipements de signalisation automatiques. Une section spéciale était consacrée à la prévention des accidents : graphiques des résultats obtenus, affiches, équipements de protection... Une belle réalisation de synthèse à l’actif des organisateurs !
Source : Le Rail, août 1968