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« S.N.C.B.-Colis » a deux ans
samedi 28 septembre 2024, par
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Dans notre numéro 125 de janvier 1967, nous vous avions fait part de la naissance de S.N.C.B. - Colis et de la mission qui lui était assignée : reprendre en main le trafic des messageries grâce à un regroupement, en un seul organe de gestion, des bureaux des diverses directions qui s’occupaient déjà de ces envois.

Juin 1968 ayant marqué le deuxième anniversaire de S.N.C.B. - Colis, nous avons jugé intéressant de demander à ses dirigeants, MM. Walewijns et Lokker. de faire le point et d’informer nos lecteurs sur les résultats de cette expérience unique en Europe.
Q. : Pourriez-vous par quelques chiffres situer l’importance de S.N.C.B. - Colis, car, quand on parle de « charges incomplètes » ou d’« envois de détail », beaucoup ont encore l’impression qu’il s’agit d’une activité accessoire ?
R. : Il est exact que les expressions employées pour designer notre activité ne nous plaisent guère. Nous préférons le terme « messageries », mais nous aurions tort d’avoir des complexes.
Le chiffre d’affaires depuis 1966 dépasse les 1,3 milliard de francs et nous espérons atteindre d’ici 1969 le cap des 1,4 milliard de francs. Dans I’ensemble de la recette « marchandises », nous intervenons actuellement pour 20.4 %.
Le trafic purement commercial, à l’exclusion du transport des dépêches postales et des envois « en service », représente en un an : 17,5 millions d’envois et 555 milliers de tonnes.

Pour assurer ce trafic, nos trente centres routiers mettent journellement en ligne 800 à 900 véhicules, dont environ 400 appartiennent à la S.N.C.B. Quelque 1.000 wagons assurent de nuit les liaisons quotidiennes entre les centres routiers. Enfin, point essentiel, 1.500 employés et ouvriers d’une qualification que le privé nous envie consacrent la totalité de leur activité à l’exécution de ce trafic.
Q. : Peut-on considérer que, depuis la création de S.N.C.B. - Colis, des résultats positifs ont été obtenus ?
R. : Assurément, nous avons obtenu des résultats et même de bons résultats, bien qu’il soit difficile, d’une part, de les traduire en francs et centimes et, d’autre part, de dire quelle aurait été la situation actuelle si S.N.C.B. - Colis n’avait pas existé.
Au départ, nous disposions d’un très bon outil. Ceux qui, à partir de 1950, ont concentré le trafic dans une organisation rationnelle d’une quarantaine de centre-routiers ont créé un outil d’une qualité que la plupart des réseaux européens ne connaissent pas encore. Sur ce point, nous n’avons pas dû innover, mais simplement continuer dans la voie tracée par nos prédécesseurs.
Le nombre des centres routiers a été ramené provisoirement à 30 et sera finalement arrêté à 27, avec le souci constant d’éviter au maximum les désagréments pour le personnel.
Nous axons aussi continué la rationalisation des services « camions ». notamment en modifiant radicalement le mode de rémunération des camionneurs privés. Nous développons un petit parc de remorques de grande rapacité pour assurer une desserte économique des clients importants. Nous avons aussi porté nos efforts sur les liaisons entre centres routiers.
Mais, toujours sur le plan de l’exploitation, nous avons réussi sur un point essentiel : nous avons misé avec confiance sur la valeur et les qualités professionnelles des cheminots et nous avons bien fait, car le personnel a repris confiance. Nous saxons que nous pouvons compter sur sa compétence et sur son dévouement.
En conséquence, avec le double atout constitué par un bon outil utilisé par un bon personnel, nous pouvions innover sur le plan de la politique commerciale.

La tarification de base a été entièrement remaniée de manière à la rendre attractive pour les clients, sans diminuer en rien le niveau moyen du prix de transport. Ensuite, nous axons renoncé aux tarifs spéciaux pour étudier des contrats particuliers adaptés au cas de chaque client important. Un grand effort de prospection a été entrepris avec l’appui des agences commerciales et des centres routiers. Il a permis de retrouver d’anciens clients et d’en acquérir de nouveaux. S.N.C.B. - Colis a jusqu’ici conclu plus de 1.200 contrats particuliers. En fait, le climat avec la clientèle est à la confiance, et les rapports se sont personnalisés de plus en plus. Nous ne voulons absolument pas que le client ait l’impression d’avoir devant lui des fonctionnaires d’une administration, mais bien des représentants de l’entreprise de messageries la plus dynamique et la plus complète du pays.
Q. : L’orientation prise parait être la bonne, mais pourquoi n a-t-on pas enregistré un succès plus net dans les résultats ?
R. : II est exact que, de 1966 à 1967, nous n’avons fait que maintenir nos recettes et notre trafic. Mais rien que cela est un succès si on considère l’état de la conjoncture surtout dans les secteurs économiques (textiles, électroménagers, etc.), qui sont à la base du trafic des messageries.
Nos concurrents ont subi un recul très sévère qui, suivant le cas, va de 10 à 30%. Grâce à l’apport de clients nouveaux, nous avons maintenu nos positions ; cela n’est pas mal du tout. Avec un peu de reprise dans les affaires, nous sommes persuadés que les efforts soutenus sur le plan tant de la prospection que de l’amélioration de la qualité du service se traduiront nettement dans les chiffres.
Q. : Je retiens dans cette phrase la notion « qualité du service ». Peut-on encore améliorer le service S.N.C.B. - Colis ?
R. : Cela est même indispensable. Jusqu’ici, la bataille devait se livrer en grande partie sur les prix... et nous nous sommes toujours refusés au « bradage » et à la compétition ruineuse. A présent, nombreux sont ceux qui ont compris que des prix bradés et un mauvais service provoquent à long terme un divorce entre le client et le transporteur. La bataille portera à l’avenir essentiellement sur le domaine de la qualité du service. Nous ne devons pas dormir sur nos lauriers. Le service peut encore être amélioré et... il le sera.
Dans cet ordre d’idées, nous utiliserons prochainement les possibilités nouvelles et nombreuses que notre direction des Finances nous offre en substituant prochainement à l’ordinateur de Bruxelles Tour et Taxis une installation plus puissante et plus moderne.
Nous avons encore beaucoup de projets visant à améliorer ce qui existe et à étendre la gamme de nos possibilités. Mais il est prématuré de démasquer dès à présent nos batteries.
Q. : Votre optimisme et votre enthousiasme sont communicatifs. Quel est votre secret ?
R. : Rester jeunes, faire confiance à tous nos collaborateurs et... aimer noire métier.
Source : Le Rail, août 1968