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Ce chemin de fer qui fait toujours rêver...

René Danloy.

dimanche 9 mars 2025, par Rixke

Les lignes 154 – Namur - Dinant – et 162 – Namur - Sterpenich – sont parmi les plus belles du pays. La première serpente dans la vallée de la Meuse. La seconde parcourt le Condroz, s’infiltre dans la forêt ardennaise, flirte avec la Gaume et aboutit en Lorraine belge, à la frontière avec le grand-duché. En miniature, elles sont franchement sublimes car elles sont le résultat d’une patience infinie : celle de passionnés dont le plus grand souci est une reproduction méticuleuse de la réalité.

Parmi tant de modélistes qui peuplent la Terre, nous avons rencontré un de nos collègues, Daniel Braibant. Il est agent de l’électricité à Salzinnes et il consacre ses loisirs à la construction de matériel ferroviaire à échelle réduite. Il avoue une nette préférence pour ce que l’on appelle le « N ». Qu’en est-il exactement ?

« Le »HO« , soit le 1/87e, est l’échelle la plus courante, la plus connue du public en tout cas. Le »N« est nettement plus petit, à la taille 1/160e. On est donc moins tenté de fabriquer des modèles en »HO« car on en trouve en suffisance dans le commerce. Le »N« , qui se caractérise par un éventail beaucoup moindre, offre par conséquent l’avantage d’inciter les modélistes à produire eux-mêmes. »

Voilà donc qui explique le choix de Daniel. Il s’intéresse surtout au matériel belge.

« Prenons par exemple les locomotives à vapeur. Après la Seconde Guerre mondiale, la Belgique avait hérité de machines allemandes qu’elle avait ensuite transformées. J’en achète les modèles réduits ainsi qu’ils avaient été conçus en Allemagne. J’en conserve la base, c’est-à-dire la motorisation, mais je réaménage toute la »carrosserie« afin d’obtenir la réplique exacte de la version belge ».

Pour se documenter, il fait appel à toutes les sources.

« Je m’adresse auprès de la SNCB, en essayant d’obtenir des plans. J’ai aussi découvert pas mal de renseignements dans des anciens numéros de votre revue. Au musée de la gare de Bruxelles-Nord existent encore des documents intéressants. Et puis, il y a les cartes postales, des livres, etc. »

Daniel fabrique-t-il des modèles uniques ? Pas le moins du monde ! Et ce, pour une raison bien simple.

« Personnellement j’ai développé un système de reproduction par moulage. Par le biais de l’informatique, je peux dresser des plans très finement détaillés. Cela permet de faire de la photogravure de laiton afin de composer une empreinte. Grâce à ce procédé – similaire à la photographie, mis à part que je n’utilise pas les mêmes produits –, je peux ainsi copier n’importe quelle pièce en résine. »

Car, il faut le dire, notre collègue est également un fervent amateur de photo ! Le croirait-on ? Grâce à cette technique de moulage très perfectionnée, Daniel Braibant parvient à confectionner des pièces aussi minuscules qu’un étrier d’attelage à l’échelle « N » où tout est affaire de millimètre !

Il exhibe fièrement deux de ses réalisations : une locomotive à vapeur avec son conducteur penché à la fenêtre ainsi qu’une magnifique draisine.

« Certains modèles sont issus de rien. Comme le »gros nez« – ainsi qu’on appelait familièrement ces locomotives diesel – que je suis en train de terminer. J’achète le moteur et les essieux. Le reste, je l’exécute moi-même : châssis, éclairage, carrosserie. Le marché du »N« étant ce qu’il est, dans cette échelle, on fait vraiment du modélisme, à partir de morceaux de plastique, d’un peu n’importe quoi, en fait de tout ce qu’on trouve dans la nature. »

Le résultat est extraordinaire : à cette draisine, il manque même un essuie-glace... à l’instar de sa grande sœur ! D’ailleurs, afin de demeurer le plus fidèle possible à la réalité, le matériel est patiné, les locomotives sont « salies » et les wagons présentent la trace de plaques de rouille traitées et remises en état ! Tout cela représente une vraie merveille : il n’existe décidément pas d’autre mot. C’est aussi, bien sûr, le fruit d’une ingéniosité de tous les instants et d’une recherche approfondie. Mais ne sont-ce point là les clés de la réussite ?


Source : Le Rail, mars 2000