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Le rapport à rassemblée générale du 30 mai 1969

lundi 6 janvier 2025, par Rixke

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Nous avons transporté plus en 1968 qu’en 1967. La situation faite à notre Société ne s’est pas encore modifiée fondamentalement

Le rapport du conseil d’administration à l’assemblée générale sur l’activité de la S.N.C.B. pendant l’année 1968 détaille les services que nous avons rendus à la communauté en accroissant notre productivité et en améliorant notre organisation ; il rappelle, une fois de plus et avec fermeté, les charges et obligations qui continuent à grever l’exploitation du rail et qu’aucune entreprise de transport concurrente ne doit supporter.

Le trafic des marchandises a progressé de 9,8 %, en sorte qu’au total le rail a transporté plus qu’en 1967, malgré la diminution du trafic des voyageurs, due principalement au plus grand usage de la voiture privée, surtout pendant le week-end, à l’évolution du chômage (7,6 % en moins d’usagers munis d’un abonnement de semaine) et aux événements sociaux qui se sont produits en France en mai et juin.

Nous avons transporté plus de produits chimiques (+ 21 %), textiles (+ 14,8 %), métallurgiques, agricoles et de carrières, plus de combustibles et de matériaux de construction, plus de colis postaux et de colis en grande vitesse ; seules accusent une baisse les expéditions d’huiles et de graisses qui ne représentent que 1,8 % du trafic total des marchandises par wagons complets (63.274.100 t.)

Nous avons rempli cette mission en étant moins nombreux (la productivité du personnel a augmenté statistiquement de 60 % en quinze ans), en soutenant les efforts de rationalisation de nos dirigeants, en veillant à l’amélioration de nos rapports avec la clientèle.

Les résultats des efforts inlassables de la direction et du personnel resteront-ils encore longtemps annihilés ? Sans doute, l’Etat, en 1968, a-t-il voulu dans l’ensemble mieux compenser les charges et les obligations qu’il nous impose, mais cette compensation est toujours aléatoire et insuffisante. Un manque de justice comptable provoque toujours un malaise. Le comble, c’est qu’en l’occurrence le public est mal informé du problème et que, pis encore, certaine presse ignore ou mutile la simple et claire vérité, à savoir :

  • que l’Etat est loin de rétablir complètement le déséquilibre des comptes qu’il provoque ;
  • que la S.N.C.B. a perdu 4,5 milliards en 1968 à cause de l’octroi par l’Etat de réductions tarifaires à des voyageurs privilégiés pour des raisons d’ordre économique, patriotique ou social, et de tarifs de faveur pour certaines marchandises et pour des prestations pour le compte de services publics ;
  • que les dépenses de la S.N.C.B. pour les pensions sont de loin supérieures à celles qu’une société ordinaire devrait verser pour un effectif de même importance que le nôtre ;
  • que l’Etat ne traite pas la S.N.C.B. sur le même pied que l’industrie privée et les autres services publics en ce qui concerne les charges patronales pour les soins de santé ;
  • que la S.N.C.B. ne peut augmenter les tarifs en fonction des hausses du coût de la vie ;
  • qu’elle ne dispose pas des moyens financiers suffisants pour adapter son exploitation aux besoins d’aujourd’hui ;
  • que la S.N.C.B. doit exploiter des lignes non rentables ;
  • que le coût d’établissement et d’entretien de l’infrastructure ferroviaire désavantage le rail vis-à-vis de ses concurrents qui, eux, ne paient qu’une partie (infime pour la voie d’eau) des dépenses considérables qu’entraînent l’établissement et l’entretien des routes et des canaux.

C’est tout le problème de « la normalisation des comptes », qui ne sera pas résolu sans l’égalisation des conditions de concurrence entre les divers modes de transport. Nous en avons souvent parlé, de même que les organisations de personnel reconnues. Le rapport, une fois de plus, insiste sur ce point primordial et plus précisément sur la situation favorable qui est faite à la navigation fluviale : les droits de navigation sont toujours maintenus à leur niveau de 1926 (2 centimes à la tonne-kilomètre contre 1 centime-or il y a cent ans).

Bien qu’on ne lui donne pas tous les moyens qui lui reviennent, le rail s’adopte à l’évolution ra-pide du monde moderne.

Le rapport rappelle les réalisations et les acquisitions de 1968 :

  • les trains ont parcouru 78 millions de km., soit 1 million de plus qu’en 1968 ; nombre de services ont été améliorés ;
  • les mesures tarifaires mises en vigueur en 1967 ont fait augmenter les recettes « voyageurs », malgré la baisse du trafic ;
  • le nombre des abonnements valables pour 5-10 ou 15 jours consécutifs a augmenté à nouveau de 24 % ;
  • le trafic par trains autos-couchettes a augmenté de plus de 7 % ;
  • les travaux en vue de l’électrification se sont poursuivis entre Liège et Namur, entre Anvers et Saint-Nicolas ;
  • des ouvrages d’art importants ont été construits à Gand et à Malines ; de nouveaux bâtiments de voyageurs ont été achevés à Ans et à Buggenhout ; de nouveaux emplacements pour autos ont été aménagés à Ans, Charleroi-Sud, Denderleeuw, Termonde, Landen, Audenarde, Renaix... ;
  • entre Walcourt et Mariembourg, la déviation de la ligne imposée par le barrage sur l’Eau d’Heure a été amorcée ;
  • le système de « dispatching » assurant le contrôle permanent du trafic au départ des chefs-lieux des groupes a été étendu au tronçon Hal - Tournai ;
  • la S.N.C.B. a prêté activement son concours à l’extension des transports par « transcontainers » pour lesquels un nouveau tarif général a été créé ;
  • elle a mis en circulation 702 wagons plats à bogies et 704 wagons spéciaux, livrés par l’industrie privée, ainsi que 364 wagons construits dans ses ateliers ;
  • douze passages à niveau situés sur des lignes importantes ont été supprimés, 87 traversées ont été équipées de signaux routiers automatiques et 62, de barrières partielles ;
  • onze cabines « tout relais » ont remplacé 63 cabines d’anciens types ;
  • des calculateurs électroniques ont été installés dans les gares de triage d’Anvers, de Schaerbeek, de Ronet et de Stockem.

Notons encore que le rapport fait état des accidents (nous en parlons d’autre part) et veut bien souligner le succès remporté par l’exposition nationale des arts plastiques.


Source : Le Rail, juin 1969