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Il y a cent ans...

mardi 15 avril 2025, par Rixke

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La jeunesse veut réformer le monde ; elle a raison. Mais la « Tribune de Genève », il y a quelque temps, notait que « rien n’est plus exaspérant que les jeunes gens qui veulent réformer le monde tout comme s’ils étaient les premiers à avoir eu ce souci. En réalité, chaque génération a tenté de réformer le monde, et c’est la somme des efforts additionnés qui nous a conduits, en Europe occidentale et en Amérique du Nord, à un niveau d’existence acceptable. »

Et le journal d’ajouter : « Rien de mieux, pour apprécier les perspectives d’avenir, sur le plan de l’intelligence et de la culture, que de s’arrêter un instant pour mesurer le progrès matériel en un siècle. C’est dans cette optique que nous reproduisons ci-contre le règlement d’une entreprise britannique, entré en vigueur en 1873, résumant les règles de travail élaborées dans le cadre de l’entreprise en question pendant la période allant de 1863 à 1872. Ce règlement, à l’époque où il fut affiché à l’entrée des bureaux en Angleterre, était considéré comme plus généreux que tous les règlements antérieurs qu’il remplaçait. »

Faut-il rappeler que l’Angleterre affichait à cette époque un puritanisme qui fait sourire les croyants d’aujourd’hui ?

A l’attention des membres du personnel

  1. Crainte de Dieu, propreté et ponctualité sont nécessaires pour maintenir l’ordre de l’entreprise.
  2. Les membres du personnel n’ont plus besoin d’être présents qu’entre 6 h et 18 h, le dimanche mis à part, qui est réservé au culte. On dira des prières dans le bureau principal chaque matin.
  3. Chacun est appelé à faire des heures supplémentaires quand le travail l’exige.
  4. Le doyen des employés est responsable de la propreté des bureaux. Tous les jeunes employés et stagiaires doivent s’annoncer à lui 40 minutes avant les prières et doivent rester à sa disposition après les heures de bureau.
  5. Un vêtement sobre est recommandé. Les membres du personnel ne doivent pas porter de couleurs claires ou des bas extravagants. Bottes et manteaux ne sont pas autorisés dans les bureaux puisqu’un fourneau est installé pour l’agrément du personnel. Une exception est tolérée pour des écharpes et des chapeaux en cas de temps inclément. En outre, chaque membre du personnel doit apporter 4 livres de charbon par jour durant les mois d’hiver.
  6. Il est interdit de parler durant les heures de travail. Tout employé qui fume des cigares, consomme de l’alcool sous quelque forme que ce soit, fréquente les clubs de billard ou les réunions politiques, fait douter de son honneur, de son sens des responsabilités, de son intégrité et de sa probité.
  7. On peut se nourrir entre 11 h 30 et midi. Le travail ne doit toutefois pas être interrompu.
  8. Les clients, les chefs et les membres du département de la presse doivent être traités avec respect et déférence.
  9. Tout membre du personnel doit se faire un devoir de se maintenir en bonne santé. Le paiement du salaire sera interrompu en cas de maladie. C’est pourquoi il est vivement recommandé à chacun de mettre de côté une bonne somme pour remédier à une telle éventualité, ainsi que pour sa vieillesse, afin qu’en cas d’incapacité ou de réduction de possibilité de travail, il ne tombe pas à la charge publique.
  10. En conclusion, il faut souligner la générosité de ces nouvelles dispositions. Aussi attend-on des employés un accroissement de travail correspondant.

Source : Le Rail, mai 1970