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Le négatif de l’affaire
jeudi 12 juin 2025, par
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Plus des trois quarts des voyageurs doivent être transportés à tarifs considérablement réduits. Des libéralités accordées par l’Etat en vue de démocratiser l’enseignement, d’égaliser les conditions d’accès au travail et de favoriser l’industrie et le commerce, sont en réalité accordées à la collectivité, par l’intermédiaire de la S.N.C.B. Elles répondent à une certaine conception politique du service public, mais elles entraînent pour l’exploitant une perte de recettes de quelque 4,6 milliards par an.
Il est vrai que les chemins de fer obtiennent, pour leurs prestations de transport de voyageurs, certaines compensations financières de l’Etat. Mais ces compensations ne sont que partielles : elle laissent un découvert dépassant largement un milliard de francs.
De même, dans le domaine du transport des marchandises, le rail est soumis à des contraintes tarifaires, qui réduisent encore le montant de ses recettes.
Ces obligations trouvent leur origine dans certains traités internationaux conclus par l’Etat et prévoyant des réductions de prix de transport au profit soit de certaines industries (comme dans les tarifs CECA), soit des usagers d’un pays voisin (tarif belgo-luxembourgeois No 1), soit encore d’un réseau étranger (tarif des transports en Flandre zélandaise). La perte de recettes ainsi subie par la S.N.C.B. s’élève à environ 350 millions de francs par an.
Enfin, la plupart des transports prestés pour le compte des administrations publiques et de l’Etat (Postes, R.T.T., etc.), sont encore effectués selon des conventions prévoyant des tarifs très inférieurs aux tarifs commerciaux, souvent même au prix de revient. Il en résulte une importante perte par rapport au coût (de l’ordre de 470 millions de francs par an) au profit de l’Etat.
Dans tous les secteurs de son activité, la S.N.C.B. est soumise à des contraintes se traduisant par des pertes de recettes : au total, plus de 1.820.000.000 F par an !
Le rail sert la communauté dans des proportions que celle-ci méconnaît trop. Aux cheminots de le rappeler autour d’eux.
Source : Le Rail, novembre 1970