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L’Europe des chemins de fer
dimanche 15 juin 2025, par
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Parmi les 44 administrations membres de l’Union internationale des Chemins de fer, 26 sont européennes. Elles constituent, en fait, le gros œuvre de cette union puisqu’elles représentent l’Europe, hormis deux nations : l’U.R.S.S. et la minuscule Albanie.
Si cette Europe ne représente que le quart de la superficie de l’U.R.S.S. et un peu plus de la moitié de celle des U.S.A., sa population compte 55 millions d’habitants de plus que celles de l’U.R.S.S. et des U.S.A. réunies.

Le réseau ferré constitué par les 26 administrations totalise 266.000 km, soit une longueur inférieure à celle du réseau américain mais supérieure à celle du réseau soviétique. Le kilométrage des lignes électrifiées place ce réseau au premier rang mondial avec 58.000 km (près de 22 pc du total), le réseau russe comptant un pourcentage d’environ 14 pc et le réseau américain un pourcentage inférieur à... 1 pc. Quant au nombre de travailleurs du rail, il atteint trois millions en Europe (un cheminot pour 162 habitants), deux millions en U.R.S.S. (un cheminot pour 115 habitants) et 590.000 aux U.S.A, (un cheminot pour 338 habitants).

Au cours de l’année 1968, les 26 réseaux européens réunis ont transporté 2.400 millions de tonnes de marchandises. Une telle masse, répartie dans des wagons de 30 t de charge utile, aurait nécessité 80 millions de véhicules, constituant un train-bloc de 1.200.000 km de longueur, s’enroulant 30 fois autour de notre sphère terrestre... Durant cette même année 1968, le tonnage transporté a atteint 2.690 millions de tonnes en U.R.S.S. et 1.300 millions aux Etats-Unis, la part du chemin de fer étant d’environ 42 pc outre-Atlantique, alors qu’elle dépasse encore 70 pc en U.R.S.S. Cette part est difficile à chiffrer pour notre réseau européen, ce pourcentage pouvant subir d’importantes variations d’un pays à l’autre.

Le volume du trafic, exprimé en tonnes-kilomètres, donne des chiffres nettement supérieurs à l’U.R.S.S. et aux U.S.A. puisque le parcours moyen d’une tonne dépasse largement 800 km dans ces deux pays alors qu’il est légèrement supérieur à 200 km en Europe. C’est pourquoi le réseau européen, en 1968, a totalisé un volume de trafic de 490 milliards de t/km contre 1.100 milliards aux Etats-Unis et 2.275 milliards en U.R.S.S.
Voyageurs transportés : 2 fois la population de la terre...
Du point de vue du trafic des voyageurs le réseau constitué par les 26 administrations ferroviaires se classe en tête avec 7.216 millions de voyageurs transportés, devant le Japon (6.816 millions) et l’U.R.S.S. (2.750 millions). Quant aux U.S.A., pays où l’automobile assure 86 pc du trafic entre villes et l’avion 70 pc de la part restante, le nombre des voyageurs atteint 296 millions, soit un chiffre largement dépassé par maintes nations d’Europe.
Le volume du trafic (304 milliards de v/km) place également l’Europe en tête devant l’U.R.S.S. (254 milliards) et le Japon (184 milliards).
Le chiffre de 7.216 millions de voyageurs transportés par les réseaux européens est éloquent : il représente environ deux fois la population de notre globe terrestre... Ces voyageurs, répartis dans des voitures de 60 places, nécessiteraient un train composé de 120 millions de voitures, atteignant une longueur de 2.400.000 km : plus de six fois la distance séparant la terre de la lune...
Les Chemins de fer d’Europe constituent aussi un consommateur important de matières premières, non seulement en produits métallurgiques et produits industriels, mais en énergie nécessaire à la traction des trains. C’est ainsi qu’en 1968, deux millions de tonnes de fuel-oil et trois millions de tonnes de diesel-fuel ont été employés. La traction à vapeur, quoique en régression spectaculaire, a cependant demandé la fourniture de 21 millions de tonnes de charbon, soit la production totale d’un pays comme la Belgique en 1964. Quant à la consommation d’énergie électrique, elle a atteint 23 milliards de Kw/h, soit 1/50e de la production totale de l’Europe (à l’exception de l’U.R.S.S.).
Source : Le Rail, novembre 1970