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Huitième période, 1904-1914. - Régime Flamme

Phil Dambly.

mercredi 22 juin 2011, par rixke

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Un troisième type de locomotive, identique à la n° 3304 mais à roues de 1,80 m au lieu de 1,98 m, fut aussi mis en service en 1905. Cockerill en construisit huit exemplaires, appelés le type 19 bis ; ils furent employés à la remorque de trains très lourds.

Locomotive n° 3302, à vapeur saturée, classée parmi le type 9.

La machine n° 3303 fut le prototype de la locomotive type 9, dont 56 exemplaires ont été livrés de 1909 à 1913. Le type 9 avait des roues de 1,98 m et pesait 81 t en ordre de marche. Il était accompagné d’un tender de 24 m³ à trois essieux et développait 1.400 ch.

Locomotive n° 3303, à surchauffeur Schmidt, prototype du type 9.
Locomotive type 9, série 4001 à 4056. N° 4007 (Haine-St-Pierre, 1910).
Locomotive type 9, série 4001 à 4056. N° 4011 (Couillet, 1910).

Le fait le plus saillant de cette période a sans doute été l’apparition, en 1909-1910, de deux types de locomotives entièrement nouveaux, à quatre cylindres égaux et simple expansion combinée avec la surchauffe. Etudiées par Flamme, ces machines d’une puissance exceptionnelle pour leur époque étaient destinées principalement, l’une à la traction des trains rapides lourds sur les lignes Bruxelles - Liège - Herbesthal et Bruxelles - Luxembourg, l’autre au service des trains de marchandises sur les lignes Bruxelles - Luxembourg, Liège - Jemelle, Athus -Meuse et Verviers - Trois-Ponts.

La locomotive à voyageurs type 10 était une 4-6-2 « Pacific » de 2.250 ch qui pouvait atteindre 120 km/h. La locomotive à marchandises type 36 était une 2-10-0 « Decapod » de 1.850 ch environ dont la vitesse fut limitée à 65 km/h. Les chaudières des deux types, quasi identiques, ne différaient que par les dimensions du foyer.

Locomotive type 10, n° 4507 (Cockerill, 1910) première série, n° 4507 à 4529.

L’aspect général de ces locomotives était particulièrement imposant et il s’en dégageait une impression de puissance alors inégalée. Les tubes de chaudière du type 10 étant relativement courts, il existait à l’avant de cette machine une sorte de longue plate-forme dépassant la boîte à fumée et nuisant à l’esthétique de l’ensemble. Les cylindres étant fortement déportés vers l’avant par rapport à la chaudière, celle-ci présentait un aspect ramassé inusité.

Locomotive « Pacific » type 10, n° 4548 (Tubize, 1913), deuxième série, n° 4530 à 4558.

Pour augmenter les dimensions de la boite à feu, il fallut donner une très forte conicité à la troisième virole du corps cylindrique, ce qui accentua encore la physionomie singulière de la chaudière. Cette disposition, dénommée « wagon top », était courante aux Etats-Unis.

Le type 10 avait des roues motrices de 1,98 m de diamètre et l’essieu porteur arrière était à déplacement transversal.

Le type 36 était doté d’un bogie-bissel du système Flamme comprenant l’essieu porteur et le premier essieu accouplé. Ce dispositif nécessitait des têtes de bielles d’accouplement à rotules. Les roues motrices avaient 1,45 m de diamètre. L’effectif des types 36 s’élevait à 136 unités en août 1914. Pesant 104 tonnes en ordre de marche - sans tender -, ces mastodontes étaient considérés à l’époque comme les plus puissantes locomotives à marchandises du continent. La vue d’une paire de types 36 grimpant les rampes de Poix-Saint-Hubert à Libramont en tête d’un train de minerai de 1.300 tonnes, assistés d’une troisième machine en queue du convoi, constituait un spectacle inoubliable...

Bogie-bissel moto-porteur de la locomotive type 36.

Les types 10, au nombre de 58, comportaient deux séries : 29 machines construites de 1910 à 1912 et 29 autres, construites de 1912 à 1914. Les locomotives de la deuxième série, destinées plus spécialement à la ligne d’Ostende, différaient des précédentes par le poids - 98 tonnes contre 102 - et la surface de grille - 4,58 m2 contre 5. La « Pacific » type 10 fut incontestablement la reine du réseau pendant plus de quarante ans...

L’impressionnante « Decapod » type 36, série 4365 à 4500 (1909-1914). Locomotive n° 4404 (Tubize, 1910).

Les types 10 et 36 étaient accompagnés de tenders de 24 m³ à trois essieux.

Locomotive n° 4405 (1909) qui était la millième locomotive sortie des usines de Haine-Saint-Pierre. Elle porta ensuite le n° 3605, puis 36.005.

Le dernier type de machine construit en Belgique avant la première guerre mondiale était une puissante 4-6-4 « Baltic » à roues de 1,80 m, appelée type 13. Etudiée par Flamme, cette locomotive-tender reproduisait toutes les caractéristiques des types créés par cet éminent ingénieur, à savoir : simple expansion à quatre cylindres égaux, surchauffe, grande surface de grille, bogie à grand empattement, etc. Deux exemplaires seulement ont été construits par la Métallurgique à Tubize. Le type 13 était destiné à remorquer les trains lourds de banlieue, mais il fut surtout employé à la traction des trains de navette entre Bruxelles-Nord et Anvers. Cette splendide machine, dotée de soutes à eau de très grande capacité, pesait 117 t en charge et atteignait 110 km/h. La guerre et certaines considérations empêchèrent sa reproduction en série.

Les deux locomotives type 13, de puissantes « Baltic », sortirent des ateliers de Tubize en 1913. Elles étaient de dimensions respectables : longueur, 16,078 m., hauteur 4,280 m. N° 4701 et 4702.

A la veille des événements d’août 1914, de nouveaux types de locomotives étaient à l’étude, dont la réalisation fut différée.


Source : Le Rail, juin 1967.