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Des simulateurs pour former les conducteurs

R. Danloy.

mercredi 2 juin 2021, par rixke

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C’est un fait établi que le moyen de transport le plus sûr est le chemin de fer. Pour parvenir à cela, encore faut-il concevoir des équipements d’infrastructure et des matériels toujours plus fiables mais aussi des programmes de formation de toutes les catégories de personnel intervenant dans la circulation des trains et plus spécialement les conducteurs. Cette qualification requiert en effet des compétences et des connaissances particulières. Si leur formation de base est de quinze mois, les conducteurs, par la suite, - tout au long de leur carrière en fait - doivent assister à des séances de formation et de recyclage. Cependant, la SNCB a préféré réorganiser cette formation professionnelle, la matière étant divisée en deux parties sur une période de trois ans et les conducteurs assistant dans chaque demi-période de 18 mois à un cycle de formation actif comportant une journée entière d’apprentissage sur simulateur. Cet appareil offre de grands avantages par rapport à une formation classique, laquelle se réalisant dans les postes de conduite, ne permet que des exercices pratiques en situation courante, les cas d’urgence ou particuliers ne pouvant faire l’objet que d’une explication théorique, Et puis, dans un deuxième temps, le conducteur peut désormais visionner l’exercice enregistré et le commenter avec quelques collègues qui y ont assisté.

À l’heure actuelle, un simulateur est installé à Salzinnes et l’autre à Malines mais il est prévu d’en mettre trois autres en service ultérieurement. La SNCB peut se féliciter de son initiative car elle est la seule à avoir construit elle-même en grande partie un simulateur. De plus, parmi tous les réseaux européens qui en sont équipés, elle dispose actuellement du matériel le plus performant grâce à la qualité de l’image de synthèse, la technique du son numérique et le réalisme des mouvements de la cabine. Ce simulateur est une chambre noire, dans laquelle se trouve donc une copie conforme d’une cabine de conduite d’une locomotive de type 27 ainsi qu’un écran sur lequel sont projetées des images virtuelles. Grâce aux détails qui les composent, ces images atteignent un degré de réalisme hors du commun. Si le tracé et l’implantation des signaux sont inspirés d’une ligne ferroviaire existante, les éléments du décor, eux, sont fictifs mais ils ont pour base des photos réelles ayant été scannées. La vitesse des images est couplée à celle de la cabine dont les mouvements sont gérés par ordinateur. Ces mouvements sont matérialisés par des vérins électriques grâce auxquels le conducteur perçoit les sensations dues à l’arrêt, au freinage, à l’accélération, etc. Un générateur numérique gère le rendu de l’environnement sonore et les bruits classiques d’un train sont perceptibles dans la cabine. Sonnerie d’un passage à niveau, klaxon d’un autre convoi, bruits provoqués par la résistance de l’air ou par un train croiseur, sont aussi restitués en cabine à l’aide d’un amplificateur à quatre voies et six haut-parleurs avec une qualité égale à celle d’un disque compact. À côté du simulateur, se trouve un pupitre de commande pour le formateur dirigeant l’exercice. A cet effet, il dispose de quatre écrans vidéo présentant une vue du tableau de bord de la locomotive, une autre de l’intérieur du poste de conduite, l’image de synthèse projetée et la commande de simulation. Durant l’exercice le conducteur effectue un parcours déterminé au cours duquel divers obstacles surgissent et il est confronté à des problèmes de traction, de freinage, à des anomalies dans la signalisation ou dans le fonctionnement des passages à niveau, à d’autres trains en difficulté. Le formateur, peut intervenir à tout moment, adaptant les signaux, provoquant des incidents en ligne ou simulant des pannes techniques au train. De plus, il maîtrise les conditions atmosphériques, les saisons et même le jour et la nuit ! Bref, il fait... la pluie et le beau temps. Il dispose en outre d’une liaison radio avec le poste de conduite, ce qui lui permet de jouer le rôle de régulateur de trafic. C’est d’un réalisme saisissant !

La construction de ce type de simulateur est due aux ateliers de Salzinnes et Malines. Le premier s’est chargé de la cabine de conduite, des simulateurs de gestion du comportement dynamique du train et du poste de conduite, du pupitre de commande de la locomotive, des équipements de la cabine, du système de ses mouvements et du générateur numérique de son. Le second a fourni le simulateur électro-pneumatique du frein ainsi que l’équipement de freinage du poste de conduite. La radio sol train est l’œuvre du département de l’Infrastructure Télécom de Schaerbeek. Pour le reste, comme l’imagerie, par exemple, on a fait appel à des firmes extérieures. Le prix de cet outil ultramoderne, qui fait de la SNCB une entreprise de pointe dans la formation des conducteurs, revient à la bagatelle de 46 millions l’unité... mais la sécurité, la vie humaine n’ont pas de prix !


Source : Le Rail, juin 1996