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Le train royal

P. Frenay, ingénieur principal.

samedi 18 septembre 2021, par rixke

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Le train royal proprement dit se compose de trois voitures : la voiture-salon, la voiture-restaurant et la voiture-lit.

La voiture-salon est celle qui normalement est occupée par le Souverain ou par la personnalité transportée. De larges portes à deux battants, précédées d’un escalier escamotable, donnent accès au hall de l’entrée d’honneur. D’un côté, ce hall conduit au salon particulier du Roi, où sont installés une table de travail et un lit de repos ; ce salon est suivi d’une toilette avec douche et d’un petit office. L’autre côté du hall ouvre sur le grand salon ; celui-ci, garni de fauteuils mobiles, prend toute la largeur de la voiture et est entouré de très larges baies. Au-delà du salon, un couloir latéral dessert trois compartiments destinés aux dignitaires faisant partie de la suite royale ; chaque compartiment est équipé d’un siège à trois places transformable en lit, d’une penderie et d’une toilette à eau chaude et froide. Cette voiture porte, sur chaque long-pan, l’écusson amarante de la Famille royale belge.

La voiture-restaurant comporte une grande salle à manger de douze places et une petite salle à manger de quatre places ; les tables fixes sont parquetées et les fauteuils sont recouverts de peau de porc. Une grande cuisine, suivie d’un office, permet de préparer et de servir n’importe quel repas complet. Le couloir desservant la petite salle à manger donne aussi accès à trois compartiments identiques à ceux aménagés dans la voiture-salon.

Le bureau personnel du Roi.

La voiture-lit, présente deux chambres à coucher royales dont les lits sont disposés dans le sens de la longueur de la voiture. Chaque chambre est suivie d’une salle de bains complète et d’un compartiment réservé au valet de chambre ou à la femme de chambre. Les deux chambres aboutissent à un salon servant aussi de salle à petit déjeuner, celui-ci pouvant être préparé dans l’office situé à l’extrémité de la voiture. Cette voiture est complétée par deux compartiments identiques à ceux aménagés dans la voiture-salon.

Le grand salon.

Chacune de ces voitures, dont la longueur hors butoirs vaut 23, 32 m et dont la tare atteint environ 65 tonnes, est équipée du conditionnement d’air. L’air soufflé est, selon le cas, refroidi par une batterie à glace ou réchauffé par une batterie pouvant fonctionner à la vapeur, à l’électricité ou au gas-oil. L’eau chaude et l’eau froide sont distribuées sous pression. L’éclairage incandescent est réalisé en corniches. La décoration intérieure est très soignée tout en restant d’une sobriété du meilleur goût. L’aspect extérieur est sensiblement différent de celui des voitures métalliques courantes de la S.N.C.B. : les revêtements de long-pan descendent plus bas, les bandeaux courant sous les fenêtres et au bord de la toiture sont chromés, tandis que les portières d’about, d’aspect particulier, sont marquées de la couronne royale.

Outre ces trois voitures, dont l’extérieur constitue un ensemble homogène, le parc royal comprend une quatrième voiture, dite voiture n° 4, et deux fourgons.

Vue d’ensemble de la voiture-salon montrant le grand salon, le hall et le bureau royal.

La voiture n° 4 est une voiture RIC classique, au centre de laquelle a été aménagé un salon complètement isolé de couloir. Elle est destinée à la suite royale.

Quant aux fourgons, l’un est équipé pour transporter le matériel de la Cour (vaisselle, vivres, bagages, etc.), tandis que l’autre est réservé aux services de la S.N.C.B.

La grande salle à manger.

Tous ces véhicules n’entrent pas nécessairement dans la composition d’un train royal, cette composition étant définie par la Cour suivant la destination du train et l’importance de la suite royale.

Inutile de dire que la circulation d’un train royal fait l’objet d’une préparation minutieuse tant du côté de l’Exploitation que du côté du Matériel. Jusqu’ici, cette minutie a été récompensée. Les trains royaux, qui se sont multipliés depuis un certain temps, ont roulé sans autre histoire que de regagner, en cours de route, le plus de temps possible sur les retards parfois imposés au départ par les inévitables imprévus des réceptions officielles.

La S.N.C.B. est très fière de l’honneur qui lui est réservé d’assurer les déplacements officiels de S.M. le Roi, mais aussi de la satisfaction que Sa Majesté a daigné lui manifester souvent, à sa descente du train royal.


Source : Le Rail, décembre 1960