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Amérique : Le chemin de fer panaméricain

jeudi 19 janvier 2023, par rixke

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Le projet d’un chemin de fer panaméricain, envisagé pour relier les lignes de l’Amérique du Nord et celles de l’Amérique du Sud, fut conçu il y a nonante ans déjà, mais il est revenu au premier plan de l’actualité.

Les pays de l’Amérique centrale sont groupés dans un Marché commun et ceux de l’Amérique latine se sont unis dans l’Association du Libre-Echange latino-américain. Il est à prévoir que, dans un avenir plus ou moins proche, les deux organismes fusionneront pour former le Marché commun latino-américain. Les échanges entre les centres économiques seraient facilités par la création d’une grande ligne ferroviaire qui lierait mieux les pays l’un à l’autre et qui pourrait répondre aux besoins d’une population de plus en plus dense : on prévoit, en effet, que de 200 millions en 1960, elle atteindra 300 millions vers 1975 et 600 millions en l’an 2000.

Enfin, il y a le développement de l’intérieur. A l’heure actuelle, la moitié du continent sud-américain demeure inhabitée, notamment le long des pentes orientales des Andes ainsi que dans certaines parties du bassin de l’Amazone, précisément des régions où passerait le chemin de fer panaméricain. Le rail serait appelle une fois de plus à offrir une solution idéale pour l’immigration et pour la mise en valeur d’une vaste région fertile où, par surcroît, on trouve de l’or, du pétrole, du caoutchouc et du bois !

Pour cette raison, l’itinéraire de la nouvelle ligne proposé par l’ingénieur Briano s’écarte sensiblement de celui de 1893, qui suivait plus ou moins la côte ouest, plus peuplée. La ligne Briano longerait la côte est des Andes, passerait à l’intérieur du continent, puis par des ports existants ou à construire sur les grands fleuves navigables de l’Orénoque, de l’Amazone et du Rio de la Plata. Elle prendrait son départ au Panama, passerait par Bogota, la Colombie, Iquitos, Pérou (ville sur l’Amazone), traverserait la partie ouest du Brésil et atteindrait finalement Santa Cruz, en Bolivie, où elle rejoindrait les Chemins de fer argentins. Sa longueur totale serait de 4.810 km.

Toujours dans le but de mettre en valeur les régions éloignées, le plan Briano prévoit, en outre, deux autres tronçons, le « Chemin de fer des Caraïbes », qui, branché sur le Panaméricain en Bolivie, traverserait le nord du Brésil et le Venezuela, où il aboutirait à Caracas (longueur 2.650 km), et le « Grand tronçon oriental », qui, partant de Buenos Aires, traverserait le Brésil central du sud au nord, passerait par Santarem, port sur l’Amazone, pour arriver à Paramaribo, la capitale de la Suriname hollandaise (longueur 4.800 km).

Il va sans dire que la réalisation de ce projet exigerait un effort financier énorme, mais n’oublions pas que, vers la fin du XIXe siècle, les U.S.A se trouvaient placés devant des circonstances similaires et que les chemins de fer transcontinentaux ont été les meilleurs promoteurs de l’éclosion des vastes régions du Far-West.


Source : Le Rail, février 1964