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France : Qui donc use les routes ?

samedi 9 septembre 2023, par rixke

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Pour se rendre compte de l’incidence de la charge par essieu sur l’usure des chaussées, on sait que l’Association des fonctionnaires des départements des routes des Etats américains a organisé des essais d’une durée de deux ans avec le concours de l’armée américaine, dont le coût total fut de 27 millions de dollars (135 millions de fr. fr.). A ce prix, les Américains ont été fixés. Une loi fondamentale a été ainsi définie. Sur une chaussée donnée, quelles que soient son épaisseur et sa structure, la dégradation due au passage d’un essieu déterminé varie sensiblement comme la quatrième puissance de ce poids. Plus clairement, si la dégradation due au passage d’un essieu de voiture de tourisme (0,6 tonne environ) est prise comme unité, la dégradation provoquée par le passage d’un essieu de 6 tonnes est 10.000 fois plus importante et celle , d’un essieu de 12 tonnes 160.000 fois plus importante. Donc, si la même chaussée passe de l’état neuf à un certain état de détérioration après le passage de 1.000 essieux de 12 tonnes, ce même résultat n’aurait été atteint qu’après le passage de 160 millions d’essieux de voitures.

Ceci revient à dire que, sur la route nationale 7, l’usure causée par un camion est la même que celle due à 160.000 voitures. Or, les camions étant la plupart du temps en surcharge et les voitures pesant moins lourd en France qu’aux U.S.A., on peut dire, avec une marge d’erreur infinitésimale, que l’usure causée par 200.000 voitures correspond à celle due à un camion. Comme l’on dénombre, en général, un camion pour cinq voitures entre Paris et Marseille, les poids lourds usent la chaussée 40.000 fois plus que les voitures particulières. Or, l’automobiliste paie, par an, infiniment plus de taxes que le poids lourd.

Les automobilistes savent maintenant qui doit payer la destruction concertée des routes. N’oublions pas, de plus, que l’année dernière, les transporteurs routiers, par leur impatience, ont causé, après la période de froid, des dégâts évalués à 400 millions de fr. fr.


Source : Le Rail, janvier 1965