Le transport ferroviaire des denrées périssables sous régime de la température contrôlée (I)

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On s’accorde à dire que ce transport spécialisé a pris naissance aux Etats-Unis. Pour la première fois, en juillet 1851, un wagon fermé muni de glace d’eau a effectué un transport de denrées périssables entre New York et Boston.

Toutefois, ce n’est qu’au cours des dernières décades que le trafic sous régime de la température dirigée a joué un rôle important dans les transports ferroviaires. Encore faut-il constater le stade de développement très variable de pays à pays, les circonstances économiques et géographiques pouvant différer fortement.

 Etats-Unis

Dès avant la première guerre mondiale, les transports en wagons réfrigérants avaient atteint une importance considérable. Aujourd’hui, les diverses compagnies de chemin de fer possèdent un parc de l’ordre de 124.000 wagons spécialisés et transportent bon an mal an 33.000.000 de tonnes de denrées périssables, dont 20.000.000 de tonnes de viandes.

Les circonstances géographiques, économiques et sociales ont été très favorables à la naissance et au développement rapide du trafic aux Etats-Unis :

• Concentration industrielle dans le Nord-Est provoquant une zone de surpeuplement ;
• Vastes zones de culture et d’élevage très spécialisées et très éloignées des centres de consommation.

L’importance du marché intérieur a d’ailleurs aussi contribué au passage rapide de la production artisanale à la production industrielle en agriculture et en élevage.

Dans ces circonstances, les chemins de fer ont constitué l’instrument idéal pour des transports massifs, réguliers et rapides sur les longues distances du sud et de l’ouest vers l’est et le nord.

La situation actuelle est moins favorable au rail du fait de la concurrence des camions frigorifiques pour le transport des produits surgelés, qui se substituent rapidement aux produits frais. Toutefois, les compagnies américaines escomptent un renforcement de leur position du fait de l’amélioration qualitative du matériel, de l’accroissement de la population et du développement des échanges internationaux.

 U.R.S.S.

Depuis la dernière guerre mondiale, le transport sous régime de la température dirigée connaît un très grand essor. Les derniers plans ont porté notamment sur l’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage, la mise en valeur de régions éloignées des grands centres industriels et le développement parallèle de l’infrastructure ferroviaire. L’économie soviétique accorde d’ailleurs aux chemins de fer un rôle primordial.

L’étendue des parcours, l’importance des transports massifs et réguliers, pour lesquels la vitesse d’acheminement est essentielle, confèrent aux chemins de fer le rôle d’outil idéal offrant un service parfait pour un coût économique très bas.

En plus de 60.000 wagons réfrigérants que possèdent les chemins de fer russes, signalons le recours à des trains frigorifiques complets de 23 wagons (600 tonnes de charge utile) et de compositions frigorifiques plus petites de 6 à 12 wagons. Ils seront décrits dans un prochain article.

Le dernier plan (1958-1965) prévoit le doublement en sept ans de l’importance des transports de denrées périssables.

 Europe occidentale

Bien que fortement industrialisée, l’Europe a longtemps conservé en agriculture et en élevage des méthodes artisanales. Les cultures se sont développées autour des grosses agglomérations, et les régions éloignées des grands centres sont demeurées longtemps dans un stade de sous-développement (la Bretagne, le midi de la France, l’Italie du Sud, la Grèce, etc.). Par ailleurs, les politiques protectionnistes, souvent abusives, ont constitué une sérieuse entrave aux échanges de produits périssables.

Après la guerre, la situation s’est radicalement modifiée du fait de la conjonction de deux phénomènes :

• L’élévation du niveau de vie des populations, qui entraîne une augmentation des exigences des consommateurs, tant pour la qualité que pour la quantité des aliments ;
• Le développement et la rationalisation de l’agriculture et de l’élevage, entraînant la commercialisation d’un volume accru des productions et la recherche de débouchés nouveaux.

A cela s’ajoutent les efforts poursuivis en vue de créer de grands ensembles économiques (Marché commun, petite zone de libre-échange), d’où seraient exclues progressivement les entraves douanières.

Pour faire face aux nécessités d’un trafic accru et même pour en favoriser le développement, les chemins de fer ont adopté, sur le plan européen, une formule de coopération nouvelle en créant la société Interfrigo. La structure, le but et les moyens de cette société seront décrits dans un prochain article.

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